La ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, est favorable à une diminution de la consommation d'eau embouteillée mais elle estime qu'il serait abusif d'en interdire l'achat et la distribution dans les édifices publics.

Selon Mme Beauchamp, une telle proposition, qui sera débattue prochainement par des représentants municipaux de tout le pays, pourrait avoir des effets négatifs, notamment si cela contribue aux ventes de boissons gazeuses.

Mme Beauchamp croit cependant que les administrations publiques doivent revoir leurs politiques d'achat pour réduire l'impact environnemental de la consommation d'eau embouteillée.

«C'est quelque chose qu'on encourage mais pas de là à l'imposer mur à mur, a-t-elle déclaré jeudi lors d'une entrevue. Je vais vous donner un exemple: dans une machine distributrice, quand on rentre dans un édifice public, si j'interdis l'eau, est-ce que c'est parce que j'encourage la consommation de boissons gazeuses sucrées en canettes d'aluminium? Il ne faut pas se rendre jusque là.»

Samedi, le conseil d'administration de la Fédération canadienne des municipalités (FCM) se prononcera sur une proposition demandant à toutes les villes et municipalités du pays d'interdire l'eau embouteillée dans les lieux qui sont sous leur responsabilité.

En vertu de cette proposition, élaborée notamment par la ville de Toronto, les villes seraient invitées à cesser l'achat d'eau embouteillée pour leur propre utilisation; le produit disparaîtrait aussi des machines distributrices et des comptoirs de vente situés dans les endroits sous responsabilité municipale.

«Derrière une présentation qui parle de municipalité qui veulent bannir l'eau en bouteille, il faut surtout comprendre que c'est des municipalités qui se donnent le mot d'ordre de revoir leur propre politique d'achat», a-t-elle dit.

Mme Beauchamp a affirmé que les ministères du gouvernement québécois déposeront prochainement des plans d'action en développement durable qui devront intégrer ce type de changement dans les politiques d'achat.

«On encourage, là où c'est possible, qu'on fasse d'autres choix», a-t-elle dit.

La consommation d'eau embouteillée est une source de pollution, à cause de la proportion de contenants non recyclés et des émissions de gaz à effet de serre liées à leur transport.

Les algues bleues

Jeudi, Mme Beauchamp s'est déplacée dans la réserve huronne-wendat de Wendake, en banlieue de Québec, afin de confirmer un financement de 15 millions $ en cinq ans qui s'inscrit dans le plan d'action sur les algues bleues.

Ces sommes permettront aux différents représentants régionaux de se réunir afin d'élaborer la gestion des plans d'eau de leur secteur.

Le nombre d'instances au sein desquelles ils se réuniront, les organismes de bassins versant, passera de 33 à 40, ce qui permettra de couvrir la totalité du Québec méridional, comparativement à 25 pour cent actuellement.

Ces organismes doivent notamment permettre une meilleure coordination dans la lutte aux algues bleues, qui ont contaminé 108 plans d'eau en 2008, comparativement à 122 l'année précédente.

A ce sujet, Mme Beauchamp a affirmé qu'il faudra «un très grand nombre d'années» pour combattre ce phénomène, puisque la présence de ces cyanobactéries est le résultat de pratiques déficientes qui se sont étalées sur des générations.

Elle s'est d'ailleurs refusée à fixer tout objectif de réduction du nombre de lacs contaminés, principalement parce que la température est un facteur important mais imprévisible.

«(Selon le) type de saison qu'on aura au Québec au cours du printemps, de l'été, tout ça peut avoir une influence sur le nombre d'éclosions de fleur d'algues bleues qu'on verrait dans des lacs», a-t-elle dit.