Québec s'apprête à donner un coup de pouce financier aux consortiums privés pour les convaincre d'aller de l'avant avec le projet de construction du nouveau CHUM au centre-ville.

Le gouvernement prépare actuellement de «nouvelles orientations qui seront connues au cours des prochaines semaines», a confirmé hier le président et directeur général de l'Agence des partenariats public-privé, Pierre Lefebvre, en entrevue à La Presse.

Cette annonce survient au moment où plusieurs groupes sortent sur la place publique. Ils veulent convaincre le gouvernement de renoncer à la formule des PPP - trop coûteuse et risquée - et opter pour la construction du CHUM en mode conventionnel.

Avec l'Agence des partenariats public-privé, le ministère des Finances et plusieurs autres ministères concernés, le gouvernement étudie plutôt des scénarios pour convaincre les consortiums privés de se lancer dans la construction du CHUM en mode PPP et ce, malgré un contexte économique défavorable.

Québec songe ainsi à réduire la part de financement provenant du privé. Par exemple, le consortium retenu ne financerait plus que 75% de ce qui était initialement prévu.

«Nous n'avons jamais parlé de transfert de risque au privé, mais de partage. Sur un projet d'un milliard, on s'entend que si le privé doit en supporter 750 millions, c'est assez pour le motiver», a indiqué M. Lefebvre.

L'un des autres scénarios sérieusement envisagés est de rembourser une partie du loyer plus tôt que prévu. Le gouvernement pourrait payer un certain pourcentage au consortium privé dès la fin de la construction du CHUM, plutôt que de payer la facture totale dans 30 ans, à la fin du contrat.

C'est d'ailleurs ce qu'il vient d'accepter de faire pour la nouvelle salle de l'Orchestre Symphonique de Montréal. Il remettra 75 millions au privé dès la fin de la construction.

«Si vous demandez si c'est l'une des nombreuses solutions possibles pour rendre le financement plus facile, ce n'est pas exclu», a reconnu M. Lefebvre.

Le troisième scénario envisagé est de réduire la durée du financement. Le privé s'engagerait pour une période de 10 ou 15 ans, plutôt que pour 30 ans comme c'est le cas actuellement.

La formule en PPP prévoit que le consortium choisi doit construire l'hôpital, en assumant les dépassements de coûts s'il y a lieu, en plus de s'occuper par la suite de l'entretien des infrastructures jusqu'à la fin de l'entente avec le gouvernement.

La semaine dernière, La Presse révélait que les consortiums privés exigeaient une garantie financière de la part du gouvernement avant de s'engager plus à fond dans le projet.

Si le gouvernement doit allonger des dizaines de millions de dollars avant l'échéancier prévu, il ne s'agit plus d'une formule de partenariat public-privé, a notamment rétorqué l'Association des économistes du Québec.

Plusieurs opposants à la formule des PPP ont d'ailleurs profité de la situation pour demander publiquement au gouvernement d'abandonner cette idée et de revenir au mode de construction conventionnel.

C'est le cas notamment du Parti québécois, de l'Ordre des architectes du Québec, des centrales syndicales et de Médecins québécois pour un régime public, une organisation qui réunit quelque 800 médecins.

La décision du gouvernement d'évaluer les options pour aider les consortiums privés dans un contexte économique difficile ne constitue pas une garantie financière, se défend aujourd'hui le président de l'Agence des PPP.

«Il n'y a pas un pays au monde qui a abandonné l'idée des PPP, mais tous travaillent à trouver des solutions pour que les projets continuent et pour conserver l'avantage des PPP tout en s'adaptant à la crise financière», a soutenu M. Lefebvre.