Alors que Québec s'apprête à déposer un budget déficitaire, le milieu de la santé craint les coupes dans le réseau, ce qui l'obligerait à réduire les services.

Le budget de la santé croît annuellement de 5 à 6% (5,5% l'an dernier), une hausse qui permet de couvrir l'augmentation des coûts de système.

 

Or, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a promis récemment qu'il n'y aurait aucune «coupe drastique» dans les budgets des services sociaux, médicaux et éducationnels.

C'est bien ce qui inquiète la directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), Lise Denis.

«Il faut que Mme Jérôme-Forget explique ce qu'elle entend en disant qu'elle veut maintenir les services. Pour maintenir les services, il faut un minimum de 1,1 milliard de plus. Mais avec ça, on ne fait pas face à l'augmentation de la demande», explique Mme Denis dans une entrevue avec La Presse.

Le budget de la santé absorbe la plus large part du budget du gouvernement et augmente d'année en année. Mais dans le contexte économique actuel, avec un budget qui s'annonce déficitaire, quelle sera la décision du gouvernement Charest? se demande la directrice générale de l'AQESSS.

Elle a d'ailleurs fait parvenir une lettre à la ministre des Finances pour la sensibiliser aux besoins des établissements de santé. Elle n'a reçu qu'un accusé de réception.

Même avec une hausse de 1 milliard de dollars cette année, le budget de la santé ne permettrait que de couvrir la hausse des coûts de système et des salaires. Il ne restera rien pour améliorer et accroître les services dans un contexte de vieillissement de la population.

«Si on n'investit rien de plus, avec l'indexation, on augmente quand même la pression sur le réseau», indique Mme Denis.

L'AQESSS propose par ailleurs certaines pistes de solutions pour améliorer le réseau, notamment la création d'un Fonds de performance.

Doté de 25 millions, ce fonds viserait à aider les établissements à mettre en place des initiatives souvent simples, mais qui permettraient d'améliorer grandement les services. Cette idée aurait reçu des «échos favorables» au Trésor, selon Mme Denis.

En Montérégie, des infirmières qui visitent des patients à domicile se sont ainsi dotées d'un ordinateur portable. Plutôt que de retourner au bureau après chaque visite, elles ont un accès immédiat au dossier médical de leurs patients, elles voient les interventions recommandées par le médecin et les investigations qui ont été faites.

Ce geste simple a permis d'augmenter d'environ 50% le temps consacré aux soins directs aux patients. Résultat, les infirmières font 65 visites de plus à domicile chaque mois, soit 780 visites de plus par année.