Gatineau, Lavaltrie et Baie-Saint-Paul seront les premières municipalités à utiliser le zonage pour gérer le régime alimentaire de leurs jeunes. Les trois villes québécoises participeront à un projet pilote de deux ans qui déterminera comment elles peuvent utiliser le zonage pour limiter l'expansion de restaurants autour des écoles.

«Depuis la construction de la polyvalente, il y a une dizaine d'années, nous avons vu l'apparition de restaurants Subway, McDonald's et La Belle Province », explique Marc-Olivier Breault, directeur adjoint de la ville de Lavaltrie, dans Lanaudière.

Le cas de Lavaltrie est particulièrement intéressant. « Nous sommes de plus en plus considérés comme une ville-dortoir », explique M. Breault. Lavaltrie est devenu une extension de Repentigny, banlieue de Montréal. Depuis 1991, sa population a augmenté de 50 % pour atteindre maintenant 12 514 personnes. Les commerces se sont aussi multipliés et on a vu ces spécialistes de la friture s'installer près de la polyvalente. «Le midi, l'école se vide», indique Marc-Olivier Breault.

Il y a plus : la municipalité étant devenue une extension de la banlieue, 60 % des travailleurs quittent Lavaltrie le matin vers leur boulot dans la grande ville. Dans le milieu de l'après-midi, quand les élèves finissent leurs cours, la maison est vide. Et les restaurants de fast food sont pleins.

«On ne veut pas s'attaquer aux restaurants qui sont déjà là, mais on voudrait voir ce qu'on peut faire pour l'avenir, avec le zonage», explique le directeur adjoint. Une quinzaine de terrains à moins de 500 mètres de la polyvalente sont encore vacants.

La première étape du projet est d'établir un diagnostic des villes participantes. Les trois municipalités sont très différentes, explique Suzie Pellerin, directrice de la Coalition québécoise sur la problématique du poids, qui est à l'origine de ce projet.

On pourrait s'étonner de voir Baie-Saint-Paul figurer au tableau, cette ville de Charlevoix étant plus réputée pour ses bonnes tables que pour ses adresses de malbouffe. Mais le développement du Massif et l'ébullition que cela va créer a incité les autorités locales à participer au projet, indique Suzie Pellerin. « On veut voir ce que le zonage peut nous permettre », indique-t-elle.

En Outaouais, la situation est tout à fait différente. « Gatineau, a toujours été leader en santé publique, dit la directrice de la Coalition. Elle l'a été avec le tabac. » La ville est toutefois prise avec un énorme problème d'obésité chez les jeunes. La moyenne nationale est de 23 % des enfants âgés de 2 à 17 ans qui ont au moins un surpoids, sinon de l'embonpoint, rappelle Suzie Pellerin. «À Gatineau, cette proportion est de 48 %, poursuit-elle. C'est la ville la plus touchée dans tout le pays.»

Plusieurs études ont fait des liens entre l'accès à des restaurants dont la qualité nutritionnelle est généralement faible et l'obésité. La coalition québécoise soutient aussi cette thèse. « Nous allons d'abord mettre en place une équipe locale avec des experts de santé publique, des gens de la ville, notre conseiller en matière d'urbanisme et aussi des gens d'affaires », explique Suzie Pellerin. Les actions ne seront pas les mêmes partout. Et les succès non plus. Une fois les deux ans passés, le groupe voudrait produire un guide pour les autres municipalités qui seraient intéressées à utiliser le zonage pour contrôler la restauration.