La majorité des victimes du cancer du sein peuvent se rassurer quant au traitement qu'elles ont reçu, a affirmé hier le ministre de la Santé, Yves Bolduc. Mais il ignore toujours si des patientes devront être rappelées, une situation qui sème le doute parmi les organismes de lutte contre le cancer.

Le ministre a voulu se faire rassurant au terme d'une rencontre avec des oncologues et des pathologistes pour adopter un plan d'action. Mais il admet que plusieurs questions restent en suspens.«Au cours des prochains jours, on doit avoir des réponses pour savoir s'il y a nécessité de faire des nouveaux tests, de répéter des tests pour valider, a indiqué le ministre Bolduc. Et s'il y a nécessité, dans quelle proportion? On n'a pas pu le déterminer cet après-midi.»

Voilà pourquoi la coalition Priorité cancer au Québec n'est que partiellement rassurée par les propos du ministre Bolduc.

«Il n'a pas confirmé qu'on allait reprendre les tests dans les cas qui pourraient être douteux, a affirmé la porte-parole de l'organisme, Nathalie Rodrigue. Nous, ce qu'on voudrait, c'est que ce soit fait rapidement, tout en mettant en place des contrôles de qualité.»

Après avoir décortiqué la recherche menée par le Dr Louis Gaboury, le ministre a acquis au moins une certitude: «On a fait dire à l'étude des choses qui sont fausses.»

Il souligne que l'étude du Dr Gaboury mesurait le contrôle de qualité dans les laboratoires de pathologie. Il ne cherchait pas à établir si des patientes avaient reçu un traitement inadéquat.

La recherche a certes révélé que de 20% à 30% des analyses réalisées dans les laboratoires de pathologie sont erronées, mais cela ne veut pas dire pour autant que la même proportion de patientes ont reçu des soins inadéquats, ont affirmé le ministre et les huit spécialistes qu'il a consultés.

«Cette étude ne peut d'aucune manière dire ça, a dit le Dr Luc Boileau, PDG de l'Institut national de santé publique du Québec. Et elle peut encore moins dire que ça s'applique à d'autres cas de cancer au Québec.»

N'empêche, le Dr Gaboury lui-même affirme que son travail peut mettre en cause la façon dont certaines victimes du cancer du sein ont été traitées.

«L'étude, comme elle montre des discordances et qu'elle insiste sur l'importance d'avoir un programme d'assurance qualité... Ça ne veut absolument pas dire que l'ensemble des patientes a reçu le bon diagnostic dans tous les cas», a-t-il dit.

Ces tests de pathologie ne servent pas à dépister le cancer, mais à en déterminer la nature précise. Les oncologues s'en servent pour déterminer quel type de médicaments ils administreront à leurs patientes en plus de la chimiothérapie, de la radiothérapie et de la chirurgie.