Les deux Montréalais forcés de mettre leur bébé au monde sans le moindre soutien médical dans une chambre de l'hôpital Royal Victoria «n'ont pas été abandonnés à leur sort», se défend la direction de l'hôpital universitaire.

Malgré ses appels à l'aide répétés, Mark Schouls a assisté seul à l'accouchement de sa conjointe, Karine Lachapelle, dans la nuit du 14 mai dernier. Pendant 20 minutes, l'homme a appuyé sur le bouton d'appel destiné aux patients en détresse, sans obtenir de réponse de la part d'une infirmière, révélait La Presse dans son numéro d'hier.

 

«Il n'y a aucun signe qu'il y ait eu un risque quelconque pour la mère ou pour l'enfant», soutient le Dr Mathias Kalina, directeur médical associé des services professionnels à l'hôpital Royal Victoria.

C'est pourtant M. Schouls, gestionnaire de produits informatiques sans expérience en obstétrique, qui a dû extirper le bébé du ventre de sa conjointe. Les risques d'une telle situation ne sont-ils pas évidents? Le Dr Kalina affirme que non, tout en ajoutant que son «devoir de réserve» l'empêche de discuter plus précisément de cette affaire.

«Vous avez déjà entendu parler de femmes pour qui cela se passe tellement vite qu'elles accouchent dans leur véhicule en se rendant à l'hôpital? Parfois, le déroulement de l'accouchement peut être précipité. Cela dit, il y a eu de l'aide professionnelle appropriée pour la mère et l'enfant, qui se portent bien», dit le Dr Kalina.

Le médecin assure que l'hôpital révisera cette affaire avec la famille, question de voir si la qualité des soins pourrait être améliorée. Quelques heures avant la naissance, Mme Lachapelle avait reçu une dose de Cervidil, un médicament destiné à déclencher le travail. Plutôt que d'être transférée en salle d'accouchement, elle avait ensuite été dirigée dans l'aile «ante-partum» de l'hôpital, où des femmes présentant des grossesses à risque sont gardées en observation.

«Normalement, le Cervidil n'est pas un médicament qui donne un effet immédiat», dit le Dr Kalina. Tout en admettant que «les cas de déclenchement doivent être surveillés plus étroitement que les autres», il souligne que celui de Mme Lachapelle était «exceptionnel».

Cette nuit-là, l'aile ante-partum de l'hôpital ne manquait pas d'infirmières, soutient le médecin. «Il y en avait deux pour 12 ou 13 patientes. Il ne manquait pas de personnel.» Cela dit, le Dr Kalina estime qu'en général, la pénurie d'infirmières au Québec est préoccupante. «Si on en avait un peu plus, on pourrait s'en servir.»

Pas question, pour la direction de l'hôpital, de présenter des excuses au couple. «On est très déçus de ne pas avoir satisfait leurs attentes, mais on veut en tirer des leçons constructives plutôt que de prendre un axe plus négatif.»