La rémunération moins élevée et les conditions de pratique poussent bon nombre de jeunes médecins à quitter le Québec pour faire leur résidence ailleurs. Et les deux tiers ne sont pas certains de revenir par la suite. C'est ce que révèle une enquête menée auprès d'étudiants en médecine qui avaient choisi de quitter la province pour effectuer leur résidence ailleurs au Canada. Elle n'a jamais été rendue publique, mais La Presse l'a obtenue grâce à la Loi d'accès à l'information.

À l'heure où le Québec manque de médecins et où la médecine de famille est en crise, cette enquête sonne l'alarme, convient le président de la Fédération médicale étudiante du Québec, Marc Beltempo.

«Il y a un signal d'alarme avec les étudiants qui quittent et éventuellement, le gouvernement va devoir se réveiller pour réaliser pourquoi. Cette enquête fait partie des pistes de solutions. Il y a des signaux criants au niveau des conditions de pratique au Québec», souligne-t-il.

Cette année, 72 postes de résidence en médecine n'ont pas trouvé preneur au Québec. De ce nombre, près d'un poste sur cinq en médecine de famille a été laissé vacant. Une situation qui s'aggrave d'année en année.

L'enquête a été menée à l'été 2007 à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux, en collaboration avec la Fédération médicale étudiante du Québec.

Au total, 77 étudiants qui s'apprêtaient à commencer leur résidence à l'extérieur du Québec ont été contactés. Du nombre, près de la moitié ont accepté de répondre au questionnaire.

Comme l'échantillon est petit, les résultats doivent être analysés avec prudence. Mais ils reflètent bien la situation actuelle, souligne M. Beltempo.

Plus des trois quarts des répondants reconnaissent que la quête d'un revenu plus élevé et le fait d'avoir moins de restrictions quant au lieu de pratique sont des facteurs qui influencent leur décision.

La rémunération peut varier de 10 000$ par année entre le Québec et certaines provinces, note le président de la Fédération médicale étudiante du Québec. Un élément qui nuit aussi à l'attractivité du Québec pour les étudiants du reste du Canada.

«La différence de rémunération, pour les étudiants qui sont endettés, est assez importante. Ceux qui font une spécialité de cinq ans vont aller chercher 50 000$ de plus en cinq ans (à l'extérieur du Québec). C'est quand même non négligeable», déclare M. Beltempo.

L'enquête indique aussi que sept étudiants sur dix sont insatisfaits des perspectives de pratique qui les attendent au Québec, à la fin de leur résidence. Les insatisfaits sont plus nombreux chez les anglophones que les francophones. Plus des deux tiers des répondants ont aussi mentionné qu'ils ne sont pas certains de revenir dans la province au terme de leur résidence.

L'enquête indique par ailleurs que les plans régionaux d'effectifs médicaux (PREM), qui déterminent où les nouveaux médecins peuvent s'établir au Québec au terme de leurs études, jouent aussi un rôle dans la décision des étudiants.

Le tiers des répondants affirme ainsi que les PREM ont été un facteur déterminant dans leur décision de faire leur résidence à l'extérieur de la province. C'est principalement le cas pour les futurs médecins de famille.

Avec la collaboration de William Leclerc.