Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, envisage de revenir sur la décision de construire le nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) en partenariat public-privé.

«Le PPP n'est pas une religion pour notre parti, a-t-il affirmé en Chambre hier. On va prendre la meilleure façon de le construire. Si, en cours de route, on voit qu'on doit changer, on va le regarder.»

Depuis le départ de Monique Jérôme-Forget, qui faisait l'apologie des PPP, le gouvernement Charest remet en question le recours à cette forme de partenariat pour la construction de plusieurs grands projets.

Vendredi, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, reconnaissait que les avantages liés aux PPP ne sont pas les mêmes en temps de crise économique. Elle ne «ferme pas la porte » à l'idée de revenir au mode de construction traditionnel dans le cas de l'échangeur Turcot et du CHUM.

La veille, le président de l'Agence des PPP, Pierre Lefebvre, affirmait pourtant dans une lettre ouverte que si ces projets sont complexes et risqués, il s'agit là «d'un argument de taille pour que les risques de ces projets ne soient pas assumés uniquement par le gouvernement et les contribuables québécois».

Au cours des derniers jours, l'Ordre des architectes, l'Ordre des ingénieurs, la Corporation des entrepreneurs généraux et l'Association des économistes du Québec ont plaidé pour que les projets du CHUM et de l'échangeur Turcot ne soient pas réalisés en PPP. Une coalition, CHU sans PPP, est née la semaine dernière.

«Le dogme libéral de construction en PPP commence à sérieusement s'embourber, a lancé la chef péquiste Pauline Marois lors de la période des questions hier. Ce n'est pas la première fois que nous mettons en garde le gouvernement contre les risques indus d'aller en mode PPP pour un hôpital universitaire.»

Yves Bolduc a ouvert la porte à la possibilité que la construction du nouveau CHUM se fasse en mode conventionnel. «Les PPP, ce n'est pas une religion, c'est un moyen de réaliser un projet. Actuellement, on évalue le projet et comment il va être finalisé», a-t-il affirmé.

Il est toujours temps de revenir sur la décision d'opter pour un PPP puisque les plans et devis ne sont pas encore terminés - ils le seront bientôt. Québec peut changer d'avis tant que rien n'est signé avec un consortium privé. «Pour la modalité de construction, on a encore le temps de voir venir et on va choisir le meilleur projet», a dit Yves Bolduc.

Le gouvernement Charest a lancé l'appel de proposition pour la construction du futur CHUM le 30 mars dernier. Les coûts - en hausse depuis des années - atteignent maintenant 1,577 milliard de dollars (1,865 milliard si on tient compte du centre de recherche du CHUM). Québec a choisi de recourir à un PPP pour la construction du nouveau CHUM il y a deux ans.

Le ministre Bolduc envisage également de renoncer à agrandir l'Hôtel-Dieu de Québec en PPP. Selon le syndicat des employés du CHUQ, la facture est passée à au moins 935 millions de dollars. Lors de l'annonce du projet, le 30 juillet 2008, Québec évaluait le coût du projet à 635 millions.

Le gouvernement a mis de côté la formule des PPP pour la construction du complexe sportif de l'Université Laval (Super PEPS). Le projet sera réalisé en mode conventionnel, a-t-il annoncé vendredi. Il aurait coûté plus cher que les 85 millions de dollars prévus si Québec avait eu recours à un PPP.