Tandis que les experts de la santé s'entendent pour dire que la pénurie d'isotopes médicaux risque de s'aggraver fortement dans les prochaines semaines, les regards se tournent vers Ottawa afin que le fédéral vienne en aide aux établissements de santé pour éviter le pire.

L'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) a appelé, jeudi, le gouvernement du Québec à faire pression sur le gouvernement fédéral, pour que ce dernier verse une compensation à la province.

La pénurie d'isotopes coûte cher, plaide l'APTS, puisque les isotopes sont désormais plus coûteux et les solutions de rechange sont également plus dispendieuses. Et comme les isotopes n'ont une durée de vie que de six heures, les hôpitaux doivent s'en servir le plus rapidement possible ce qui fait que le personnel médical est appelé à faire des heures supplémentaires et à modifier ses horaires de travail pour répondre à la demande.

«Il faut que le gouvernement du Québec aille cogner à la porte du fédéral, il ne faut pas qu'il attende qu'il leur donne de l'argent, il n'en donnera pas. Il faut cogner à la porte, mettre la pression et obtenir des sommes d'argent pour aider la population», a souligné la présidente de l'APTS, Dominique Verreault, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

Au bureau du ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, on a fait savoir qu'aucun scénario n'était exclu. Québec pourrait à son tour réclamer une compensation financière à Ottawa, puisque le dossier des isotopes relève de sa juridiction.

L'Ontario a pour sa part déjà indiqué son intention de faire de même, en raison de la pénurie d'isotopes.

Mais aucune décision n'a encore été prise à Québec et l'adjointe de l'attachée de presse du ministre Bolduc, Karine Rivard, n'a pas pu préciser à quel moment le ministère de la Santé déciderait des mesures à prendre. Pour le moment, le ministère interroge les établissements de santé afin de déterminer le coût exact de la pénurie.

À la fin juillet, l'Association québécoise des établissements de santé et services sociaux (AQESSS) avait évalué le prix d'une pénurie d'une durée d'un an à 10 millions $, après avoir questionné une quinzaine d'établissements de santé, sur les 42 qui offrent des services de médecine nucléaire au Québec.

À l'instar de l'AQESSS, l'APTS appelle en outre le ministère provincial à bonifier les budgets des établissements de santé pour éponger cette hausse budgétaire de 25 pour cent. Le budget global des départements de médecine nucléaire de la province se chiffre à 40 millions $.

L'APTS souhaite par ailleurs que le comité d'experts mandaté par le fédéral pour trouver des solutions de rechange aux isotopes médicaux fournisse ses recommandations dès que possible.

Les conclusions du comité sont pour l'instant attendues à la fin de l'année. «D'ici là, qu'est-ce qu'on fait?», s'est indignée la présidente de l'organisme.

Ottawa devra par la suite à son tour prendre des décisions rapidement, car le temps presse, a-t-elle fait valoir. «Parce que c'est bien beau les recommandations d'un comité d'experts, mais si le gouvernement fédéral n'a pas une volonté politique de régler le problème et de trouver des solutions, on n'est pas plus avancés.»

L'APTS représente près des trois-quarts des technologues en médecine nucléaire du Québec et regroupe plus de 27 000 personnes oeuvrant dans plus d'une centaine d'établissements de santé de la province.