Une très grande majorité de Canadiens et de Québécois, soit plus de 86%, souhaite que le système de santé soit renforcé dans le secteur public plutôt que dans le secteur privé, indique un nouveau sondage.

C'est au Québec que l'appui au régime public est le plus fort, soit près de 88%, selon la firme Nanos Research, qui a été mandatée par la Coalition canadienne de la santé pour réaliser un sondage pan-canadien entre le 23 avril et le 3 mai. Les résultats ont été divulgués ce matin, en prévision du congrès annuel de l'Association médicale canadienne (AMC), qui débute lundi à Saskatoon.

Michael McBane, coordonnateur national de la Coalition canadienne de la santé, affirme que le président sortant de l'AMC, le Dr Robert Ouellet, veut convaincre les médecins canadiens d'appuyer la privatisation des soins de santé, alors que cette option est rejetée par la population.

«À l'assemblée annuelle de l'AMC, vous entendrez le Dr Ouellet parler de soins centrés sur le patient, mais il fait surtout allusion aux soins centrés sur les profits, affirme M. McBane. Les idées du Dr Ouellet sur le financement par activités, la concurrence et une offre accrue de services privés ne produiraient pas un système à l'européenne, comme il le prétend mais nous mèneraient plutôt vers un système de soins à l'américaine.»

Le Dr Ouellet réfute ces accusations. «Les propositions qui seront débattues à notre congrès ne visent pas du tout la privatisation des soins, a-t-il dit. Nous continuons à défendre un système public, mais nous cherchons des solutions pour réduire les temps d'attente. Des pays européens ont réussi à limiter les temps d'attente tout en ayant un régime public. Les cliniques privées peuvent contribuer à atteindre cet objectif, tout en étant payées par le système public. Il y a aussi bien d'autres solutions.»

M. McBane souligne que le Dr Ouellet est associé dans cinq cliniques privées de radiologie et de résonnance magnétique, à Laval. Le Dr Ouellet le confirme, mais précise qu'il pratique autant dans le public que dans le privé, comme peuvent le faire les radiologistes au Québec. Il s'apprête à quitter la présidence de l'AMC et sera remplacé par le docteur Anne Doig, de Saskatoon.

«Je ne souhaite pas du tout un système de santé à l'américaine, a-t-il dit. Les Américains sont eux-mêmes en train de réformer leur système.» À ce sujet, le président américain Barack Obama a dénoncé cette semaine les opposants à sa réforme qui présentent le système de santé canadien comme un croque-mitaine (un «boogeyman», personnage légendaire qui terrorise les petits enfants).

«Je soupçonne que vous, les Canadiens, allez continuer à être utilisés par ceux qui s'opposent à la réforme, bien que je n'aie rien dit à propos d'une réforme des soins de santé à la canadienne », a-t-il déclaré à Guadalajara (Mexique), où il participait à une rencontre avec le président mexicain et le premier ministre canadien.

«Je ne trouve pas que les Canadiens sont particulièrement effrayants, mais je crois que certains opposants à la réforme pensent qu'ils font un bon croque-mitaine. Je crois que c'est une erreur.»

De son côté, le premier ministre Stephen Harper a déclaré: «Les Canadiens appuient leur propre système. Quant au reste, c'est vraiment un débat américain.» Le dernier rapport fédéral sur les indicateurs comparables de la santé indique que 85% des Canadiens se déclarent très ou assez satisfaits du mode de prestation des services de santé.