Malgré les critiques essuyées par le plan de réorganisation des soins de longue durée aux personnes âgées, l'Agence de santé et services sociaux de Montréal persiste et signe: la réforme ira de l'avant comme prévu. Le directeur général de l'Agence, David Levine, s'est personnellement engagé à ne fermer aucun lit de longue durée dans les hôpitaux sans qu'un nombre équivalent de lits soient ouverts, ailleurs dans le réseau.

«On ne fermera jamais un lit si on n'a pas de lit ouvert ailleurs», a-t-il promis lors d'une rencontre de presse où il a fait le point sur la réforme amorcée au printemps dernier par la fermeture de près de 200 lits de longue durée à l'hôpital Saint-Mary's et au CHUM. Les nombreux cas problématiques soulevés dans les médias sont anecdotiques et ne représentent pas la réalité généralement vécue par les personnes âgées en perte d'autonomie, croit-il.

 

Depuis 2007, 456 lits de longue durée ont été fermés par l'Agence. Or, le nombre de places en ressources intermédiaires a été haussé en conséquence, de 628 places. «Très souvent, on prend le cas de Mme X ou de M. Y et on fait l'extrapolation de tels cas à l'ensemble de la population. Ça génère un niveau de nervosité important chez les gens âgés», déplore le directeur général de l'ASSS. M.Levine assure que dès qu'un besoin immédiat se présente, il est comblé en quelques heures, malgré la liste d'attente imposante - près de 1500 noms - de gens qui attendent une place en CHSLD.

David Levine estime qu'il était urgent de fermer les soins de longue durée dans les hôpitaux, où les gens âgés passaient en moyenne près de 133 jours. Or, durant la majeure partie de ce séjour, les gens âgés n'avaient pas besoin de soins aigus. On les gardait à l'hôpital simplement parce qu'on n'avait nulle part où les envoyer.

«L'hôpital, ça n'est pas un environnement plaisant. On est en jaquette toute la journée. On n'a aucune activité. On vous sert à manger dans votre lit. En plus, les gens étaient transférés en moyenne quatre fois à l'intérieur du même hôpital, souligne-t-il. L'hôpital est un cauchemar pour les gens âgés.»

Avec la réforme, plaide-t-il, après en moyenne 40 jours à l'hôpital pour être soignés, les gens âgés séjournent en moyenne 44 jours dans un centre d'hébergement pour une évaluation. Ensuite, ils sont déplacés dans un autre centre d'hébergement, transitoire celui-là, en attente de la résidence qui constitue leur premier choix. Or, 80% des gens décident finalement de rester à la résidence de transition. Seuls 20% des bénéficiaires déménageront trois fois.

Mais la rencontre organisée par David Levine n'a pas calmé toutes les tensions. La Fédération de l'âge d'or du Québec estime que «des inquiétudes demeurent bien présentes». Anne-Marie Drolet, directrice générale de la FADOQ-Montréal, estime «qu'il est impossible de croire qu'en trois ans, on puisse développer suffisamment de ressources intermédiaires pour combler l'ensemble des nouveaux besoins qui seront créés par les fermetures de lits».

De plus, souligne Frédéric Lalande, conseiller aux dossiers sociaux à la FADOQ, la clientèle qui passe par l'hôpital est souvent beaucoup trop lourde pour les ressources intermédiaires, qui n'acceptent que des gens qui nécessitent moins de trois heures de soins par jour. «Il y a déjà des gens en attente pour les CHLSD et au lieu de régler cette problématique, on l'aggrave, dit-il. Il n'y a pas moins de personnes âgées, il y en a plus. Alors mathématiquement, ça n'arrive pas.»