L'Agence de santé de Montréal souhaite mettre fin au partenariat entre l'hôpital du Sacré-Coeur et la clinique médicale Rockland MD parce qu'elle soutient que le recours au privé coûte trop cher.

Une situation qui inquiète vivement les chirurgiens de l'hôpital. «Ça n'a aucun sens. On a un système qui fonctionne, un partenariat qui fonctionne, il n'y a aucune raison de mettre un terme à ce partenariat», a dénoncé hier le Dr Ronald Denis, chef du département de chirurgie au nom de ses collègues.Depuis que le projet-pilote est en place, en février 2008, des chirurgiens de l'hôpital opèrent des patients dans les locaux de la clinique, aux frais de l'État. Quelque 2000 chirurgies d'un jour ont été pratiquées à ce jour.

L'hôpital voulait maintenant conclure une entente à long terme. Au printemps, le Ministère et l'Agence ont d'ailleurs approuvé un appel d'offres visant à développer un partenariat de cinq ans entre l'hôpital et une clinique privée. C'est l'établissement Rockland MD qui l'avait emporté. L'entente devait être signée.

Mais au cours des dernières semaines, l'Agence a bloqué le processus. Elle veut mettre un frein à ce type de partenariat.

Les chirurgiens de l'hôpital sont pour le moins étonnés de cette volte-face. «On n'a pas les lits, on n'a pas les locaux et on n'a pas le personnel» pour en faire plus à l'hôpital, rappelle le Dr Ronald Denis.

Le partenariat avec Rockland MD a permis de réduire les listes d'attente, souligne le Dr Denis. Trop souvent, des chirurgies non urgentes sont annulées dans les hôpitaux, faute de lits, de personnel ou parce qu'un cas plus urgent se présente.

«Notre intérêt est d'organiser dans le réseau de santé publique l'utilisation maximale des capacités», explique le président et directeur général de l'Agence de santé de Montréal, David Levine.

Il soutient qu'il en coûte de 30 à 40 % plus cher pour faire opérer des patients au privé aux frais de l'État.

Prudente, la direction de l'hôpital du Sacré-Coeur confirme de son côté que l'Agence cherche à mettre fin au partenariat. Au cours de l'été, des solutions alternatives ont été mises sur la table, notamment de conclure des ententes avec d'autres hôpitaux pour y opérer des patients, explique la directrice générale adjointe, Johanne Roy.

Dans le cas de Sacré-Coeur, ces solutions n'étaient pas envisageables à court terme. «Si on cesse Rockland, c'est vraiment une cessation de l'accessibilité pour les patients», indique Mme Roy.

L'Agence a donc accepté que l'hôpital continue temporairement d'opérer des patients à la clinique. Mais il est hors de question que les deux parties signent une entente à long terme.

«Nous voulons d'abord utiliser les ressources de notre système, voir comment nous pouvons aider la direction de Sacré-Coeur à augmenter sa production à l'interne», explique pour sa part la porte-parole au ministère de la Santé, Dominique Breton. Elle rappelle toutefois que la décision ultime dans ce dossier revient au conseil d'administration de l'hôpital.

Pour l'heure, le projet-pilote se poursuit donc jusqu'en juin prochain. D'ici là, la direction de l'hôpital espère avoir recruté suffisamment d'infirmières pour faire fonctionner ses salles au maximum et rapatrier toutes les interventions au public, comme le souhaite l'Agence.