Une majorité de médecins spécialistes se disent favorables à l'euthanasie, même si 20% d'entre eux refuseraient de la pratiquer si elle était légale.

C'est ce que révèle un sondage commandé par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) auprès de ses 8000 membres, dont 2025 ont répondu.Au total, 84% des répondants se disent ouverts à lancer un débat sur l'euthanasie et les trois quarts affirment qu'ils seraient «probablement» ou «certainement favorables» à une ouverture à la légalisation.

Plus de la moitié des médecins qui ont répondu au sondage accepteraient d'ailleurs de pratiquer l'euthanasie «dans un cadre législatif balisé». Par contre, un répondant sur cinq s'y refuserait.

«L'euthanasie est rendue à un point aujourd'hui qui est presque identique à celui où se trouvait l'avortement il y a 21 ans. C'est exactement le même débat aujourd'hui», a déclaré le président de la FMSQ, le Dr Gaétan Barrette.

La différence, ajoute le Dr Barrette, c'est que les médecins se montrent aujourd'hui majoritairement favorables à un débat sur l'euthanasie, ce qui n'était pas le cas à l'époque avec l'avortement.

Le sondage commandé par les médecins spécialistes portait précisément sur la question de l'euthanasie et non pas sur le suicide assisté. «Le suicide assisté est un sujet en soi qui est complètement différent et qui, par définition, ne met pas en cause la pratique du médecin spécialiste, à l'opposé de l'euthanasie», a précisé le Dr Barrette.

L'euthanasie n'est pas permise selon la loi mais, dans les faits, elle est courante dans les hôpitaux. Le sondage révèle d'ailleurs que 81% des médecins ont eu conscience «souvent, parfois ou rarement» d'une telle pratique.

Il s'agit généralement de polytraumatisés de la route, en état de mort cérébrale, qui sont débranchés ou de malades en phase terminale qui reçoivent un sédatif palliatif.

C'est une question délicate qui nécessite des balises. La décision doit être prise par le médecin et son patient ou ses proches, si ce dernier est dans l'incapacité de le faire, souligne le Dr Barrette. «Plus on remonte en amont de la phase terminale, plus ça nécessite des balises parce que la question qui se pose est: où s'arrête-t-on?»

La légalisation de l'euthanasie relève du fédéral. Par contre, le gouvernement du Québec se montre préoccupé par la question.

«Il faut en faire un débat de société. Il y a eu une évolution de la société par rapport à ça. Également, ce qu'il faut, c'est clarifier les termes. On parle parfois de soins palliatifs, parfois d'euthanasie, de suicide assisté, ce sont des termes complètement différents. J'ai une ouverture à recevoir les avis des gens, à ce que, comme société, on en fasse un débat et que, si possible, on recherche un consensus», a déclaré le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

Un groupe de travail mandaté par le Collège des médecins a recommandé au printemps que l'euthanasie fasse partie des soins de fin de vie. Le conseil d'administration du Collège doit en débattre à sa prochaine séance. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec se prononcera également après consultation de ses membres.

Le sondage Ispos Décarie commandé par la FMSQ a été mené sur l'internet et par la poste entre le 28 août et le 15 septembre 2009. La marge d'erreur est de 1,9 point de pourcentage, 19 fois sur 20.