Une forte proportion de la population est en faveur de la légalisation de l'euthanasie, révèle un nouveau sondage réalisé pour La Presse. Au même moment, le Collège des médecins se prononce timidement en faveur de l'euthanasie dans des situations exceptionnelles.

Le sondage CROP mené entre le 15 et le 25 octobre révèle que, d'une façon générale, l'opinion de la population sur la délicate question de l'euthanasie a peu changé depuis une quinzaine d'années.

Les sondeurs ont posé trois questions sur la légalisation de l'euthanasie, exactement les mêmes qu'en septembre 1990. Les résultats sont les mêmes. La majorité des répondants se prononce en faveur de la légalisation de l'euthanasie.

«Ce résultat nous a étonnés. L'attitude à l'égard de la légalisation de l'euthanasie a peu changé depuis 1990», analyse Maïalène B. Wilkins, directrice de projets à CROP.

Ce qui a le plus changé en 19 ans, précise Mme Wilkins, c'est l'âge des personnes favorables à l'euthanasie.

«Dans les années 90, les gens plus âgés étaient moins susceptibles d'être en faveur que les plus jeunes.»

En 1990, 88% des personnes âgées de 18 à 34 ans se disaient favorables à l'euthanasie si le malade le demandait, comparativement à 76% des gens de 55 ans et plus.

Si la décision devait venir du médecin ou de la famille, 73% des jeunes se disaient tout de même en faveur, contre 64 % des plus âgés.

Aujourd'hui, plus de 80% des répondants sont en faveur de l'euthanasie si elle est demandée par le malade lui-même, peu importe leur âge.

Ce taux baisse à 63% chez les 18-34 ans quand la décision est prise par le médecin ou la famille, mais grimpe à 75 % chez les gens de plus de 55 ans.

Le sondage a été mené par téléphone auprès de 1000 répondants. Sa marge d'erreur est de trois points, 19 fois sur 20.

Le Collège des médecins ouvre timidement la porte

Par ailleurs, le Collège des médecins croit qu'il faut continuer la réflexion sur la légalisation de l'euthanasie afin d'apporter éventuellement des changements au Code criminel.

Dans deux sondages menés récemment par les fédérations des médecins spécialistes et des omnipraticiens du Québec, la majorité des répondants se sont prononcés en faveur de la légalisation de l'euthanasie.

Mardi, le Collège des médecins a pour sa part présenté un document de réflexion sur la question. «Nous voulons apporter un point de vue, et non pas trancher le débat», a expliqué le président-directeur général du Collège des médecins, le Dr Yves Lamontagne.

Plutôt que de limiter le débat à la question de la légalisation de l'euthanasie, le Collège des médecins souhaite mettre l'accent sur les soins appropriés à donner en fin de vie, a indiqué le Dr Lamontagne.

Il faut ouvrir les options, ajoute le secrétaire du Collège, le Dr Yves Robert. «L'une des options, dans ce cadre particulier d'une mort imminente et inévitable, est l'euthanasie, qui pourrait être, dans des cas exceptionnels, une option envisageable de soins appropriés.»

Il n'y a toutefois pas d'urgence, précise le Dr Robert. C'est la raison pour laquelle le Collège des médecins souhaite poursuivre la réflexion avec différents partenaires du réseau de la santé, mais aussi avec des avocats, afin de soumettre la meilleure proposition possible. Légaliser l'euthanasie implique nécessairement des modifications au Code criminel.