Les centres de vaccination contre la grippe A (H1N1) ont été désertés cette fin de semaine. Les établissements mis sur pied par le ministère de la Santé n'ont fonctionné qu'à la moitié de leur capacité à Montréal ces deux derniers jours, une situation qui inquiète les autorités.

Après avoir vu des files d'attente interminables la semaine dernière, Mario Laflotte s'attendait à un week-end infernal. Cet infirmier est responsable du centre de vaccination aménagé dans l'ancien théâtre Cartier, rue Notre-Dame, dans le quartier Saint-Henri.

Vendredi, plus de 750 personnes ont reçu leur vaccin dans ce centre. M. Laflotte s'attendait à en voir des centaines d'autres cogner à sa porte les jours suivants, mais c'est exactement le contraire qui s'est produit.

Vers 13h30, dimanche, les locaux étaient presque vides. Une dizaine de personnes attendaient dans la salle de repos pour vérifier si le vaccin ne provoquait pas d'effets secondaires. Plusieurs bureaux et tables de travail étaient désertés, des membres du personnel ayant été renvoyés chez eux.

«C'est décevant, a confié Mario Laflotte. On est prêts à recevoir des gens et on voudrait les vacciner.»

L'organisation est pourtant rodée au quart de tour. Les personnes qui souhaitent se faire vacciner se présentent à l'entrée, où deux employés déterminent si elles font partie des groupes jugés à risque. Si c'est le cas, les patients reçoivent un coupon de rendez-vous. Une fois à l'intérieur du centre, on enregistre leurs informations dans les bases de données, ils remplissent un questionnaire avant de rencontrer une infirmière et de recevoir leur vaccin.

Lorsque le centre fonctionne à pleine capacité, 100 personnes peuvent recevoir un vaccin chaque heure. Lors du passage de La Presse, l'établissement était ouvert depuis presque six heures. Et à peine 103 personnes avaient franchi ses portes.

Environ la moitié des personnes qui se sont présentées à l'entrée ont été refoulées, a indiqué Irène Fillion, l'une des employées chargées de filtrer les patients. En début de journée hier, seuls les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes pouvaient recevoir leur dose.

«Je pense que les gens ne sont pas certains des dates, ils ne sont pas certains des catégories de gens qui sont considérées comme prioritaires, a indiqué Monique Bégin, l'une des préposées qui accueillent les patients. Je ne suis même pas certaine qu'ils savent que nous sommes ouverts les fins de semaine.»

«Préoccupant»

«Ça me préoccupe beaucoup, a reconnu le Dr Richard Lessard, directeur de la santé publique de Montréal. Je suis convaincu que les gens voulaient de plus en plus se faire vacciner. C'est peut-être à cause de la belle température, peut-être le fait qu'il y a eu des files d'attente au cours des derniers jours.»

Puisque les familles avec enfants et les femmes enceintes n'étaient pas au rendez-vous hier, les autorités ont ouvert les centres de vaccination à tous les malades chroniques âgés de moins de 65 ans. Depuis hier, les personnes qui souffrent de maladies cardiaques et pulmonaires comme l'asthme et la fibrose kystique peuvent maintenant recevoir leur piqûre.

Ces malades rejoignent les autres groupes jugés prioritaires pour la campagne de vaccination, soit les familles avec des nourrissons de moins de 6 mois, les enfants de 6 mois à 5 ans et les femmes enceintes. Depuis hier, les futures mères qui en sont à moins de 20 semaines de grossesse peuvent quant à elles recevoir un vaccin sans adjuvant.

Selon l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic, les personnes âgées qui habitent dans des résidences pourront bientôt recevoir leur dose sans quitter leur foyer. L'organisme affirme que le gouvernement a accepté de former des équipes mobiles pour se déplacer dans les CHSLD.

Il n'a toutefois pas été possible de confirmer ces informations auprès du gouvernement, hier. La porte-parole du ministère de la Santé, Karine White, n'a pas rappelé La Presse, pas plus que l'attachée de presse du ministre Bolduc, Marie-Ève Bédard.