Les employés du réseau de la santé sont sur les genoux, les congés de maladie prolongés augmentent sans cesse et, une fois sur trois, ils sont causés par des problèmes psychologiques.

C'est le constat que fait le ministère de la Santé dans une étude récente sur l'absentéisme dans le réseau des hôpitaux et des établissements. Obtenue par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information, l'étude porte sur pas moins de 83 000 demandes d'assurance salaire de 2004 à 2006.

L'enquête avait été commandée en raison de la croissance exponentielle des problèmes de santé chez les employés du réseau. Entre 1994 et 2001, les heures payées par l'assurance salaire ont augmenté en flèche, passant de 4,4 à 5,7% du total des heures travaillées.

L'assurance salaire est un recours prévu à la convention collective quand un employé doit s'absenter pour plus de cinq jours consécutifs. Une étude attentive des cas démontre que, une fois sur trois (34% des dossiers), les employés sont partis en congé à cause d'un problème de santé mentale - épuisement professionnel ou dépression. Ce groupe de 34% des dossiers représente 44% des coûts, ce qui démontre que ces congés pour des raisons psychologiques sont passablement plus longs que les autres. Par exemple, pour les cas étudiés, les problèmes de santé mentale ont coûté 207 millions de dollars en assurance salaire, les problèmes musculo-squelettiques, 108 millions et les cas de cancer, 31 millions. Un cas de cancer coûte deux fois plus cher, en durée, qu'un problème psychologique, mais il y en a 12 fois moins.

C'est dans le groupe des 30-39 ans que les problèmes psychologiques sont les plus fréquents. L'épuisement psychologique frappe surtout les infirmières auxiliaires et les préposés aux malades, surtout employés à temps partiel.

Ces absences sont aussi les plus longues: dans 54% des cas, on dépasse un mois de congé (et on n'excède pas six mois). Dans les autres catégories -problèmes de dos ou même de cancer-, la durée de l'assurance salaire est moins importante.

Constant étonnant, les infirmières s'absentent moins que les auxiliaires et les préposés aux bénéficiaires, par exemple. Elles s'absentent aussi moins longtemps pour tous les types de problèmes, sauf les questions de santé mentale.

Les femmes qui ont des problèmes de santé mentale, des problèmes musculaires ou un cancer restent en congé deux ou trois semaines de plus que les hommes.

- Avec la collaboration de William Leclerc