Craignant une propagation de la grippe A (H1N1), des hôpitaux interdisent aux femmes qui accouchent d'avoir plus d'une personne auprès d'elles. Les mères doivent choisir entre leur conjoint et leur accompagnante à la naissance.

L'hôpital Saint-Luc du CHUM applique cette nouvelle politique depuis la semaine dernière. À l'hôpital Royal Victoria du CUSM et au centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, cette mesure est déjà en vigueur depuis quelques semaines.

 

Il s'agit d'une mesure exceptionnelle qui est prise en situation pandémique, explique la porte-parole de l'hôpital Sainte-Justine, Mélanie Dallaire. «Ce n'est pas pour nuire, mais bien pour réduire la propagation du virus et protéger la mère et son bébé.»

L'accès à la salle d'accouchement est limité à une seule personne aux côtés de la mère. «Mais nous saurons faire preuve de jugement si la femme arrive pour accoucher avec son conjoint et leur accompagnante de naissance», précise Mme Dallaire.

Ces nouvelles directives suscitent toutefois un petit vent de panique chez les couples qui attendent la venue prochaine d'un enfant et chez les accompagnantes à la naissance. Une relation de confiance s'établit tout au long de la grossesse. Interdire à la dernière minute aux accompagnantes à la naissance d'être présentes dans la salle d'accouchement peut provoquer anxiété et incertitude pour la femme qui est en travail et qui est déjà vulnérable, souligne Chantal Labrecque, du Réseau québécois des accompagnantes à la naissance.

«À l'hôpital, les infirmières sont très compétentes, mais elles sont souvent débordées. Elles ne peuvent être présentes à tout moment. Les mères qui veulent accoucher le plus naturellement possible se retrouvent souvent démunies une fois rendues à l'hôpital», explique Mme Labrecque.

Au cours des dernières semaines, plusieurs CLSC ont aussi annulé les cours prénataux et les haltes allaitement. «Les femmes qui accouchent se trouvent isolées, sous prétexte qu'il y a un virus qui circule», déplore Annie Noël de Tilly, également membre du Réseau québécois d'accompagnantes à la naissance et d'Alternative Naissance.

Des études ont pourtant démontré que la présence d'une accompagnante à la naissance permet de réduire le recours aux analgésiques, à la péridurale et à la césarienne.

Annie Baillargeon, qui a accouché la semaine dernière d'une petite fille prénommée Mathilde, a été l'une des dernières patientes de l'hôpital Saint-Luc à pouvoir compter sur son accompagnante et son conjoint à ses côtés, en même temps.

«Je ne comprends pas. Les accompagnantes jouent un rôle essentiel. Elles ne devraient pas être considérées comme des visiteuses, mais des professionnelles», déclare Mme Baillargeon.

Même si elle se trouve toujours à l'hôpital, puisque sa fille est née prématurément à 35 semaines, Mme Baillargeon n'a pu revoir son accompagnante et bénéficier de son soutien, notamment pour l'allaitement.

«Heureusement, je suis relativement chanceuse et ça se passe bien, mais je ne comprends pas cette décision», lance Mme Baillargeon.

L'hôpital Saint-Luc restreint en effet à une seule personne la présence à l'accouchement et après, lors de la courte hospitalisation. Aucune visite n'est permise.

D'autres hôpitaux limitent aussi les visites. Les enfants de moins de 18 ans sont refusés et un seul visiteur est admis à la fois.