Faute de places adaptées pour elles, les personnes âgées qui ont des problèmes importants de comportement sont hospitalisées dans des unités de soins de courte durée pendant des mois. Un véritable casse-tête pour les hôpitaux.

Le problème est tel que certains se demandent maintenant si les centres d'hébergement de soins de longue durée (CHSLD) et les résidences pour personnes âgées ne font pas de la discrimination envers les patients qui présentent des problèmes importants de démence, d'agressivité, d'itinérance ou de toxicomanie.

 

«Notre perception, c'est qu'il y a une discrimination à l'endroit des patients qui ont des problèmes particuliers, qui sont itinérants ou même obèses, par exemple», affirme ainsi la Dre Diem Quyen Nguyen.

Spécialisée en médecine interne à l'hôpital Saint-Luc, elle affirme que certains patients problématiques ont passé plus de six mois dans des unités de soins aigus, alors qu'ils n'étaient pas malades. Pendant ce temps, des personnes âgées au comportement plus facile ont obtenu une place en hébergement beaucoup plus rapidement.

Les hôpitaux ont le devoir de s'occuper de ces patients, mais ils n'ont pas les ressources pour le faire, déplore la Dre Quyen Ngyuen. «Nous sommes là pour soigner les gens malades.»

«Dans les unités de médecine et de chirurgie, le problème est vécu de façon assez intense quand on doit héberger une personne pendant plusieurs mois, voire plus d'un an. La structure est faite pour donner des soins actifs. Ça devient difficile», reconnaît de son côté le chef du service social au CHUM, Paul Simard.

L'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal est bien au fait de cette problématique, affirme M. Simard. Mais voilà, il manque de places adaptées pour les personnes âgées en perte d'autonomie qui présentent des problèmes importants de comportement.

Réorganisation

Le problème n'est pas nouveau. Auparavant, ces patients en attente d'hébergement étaient hospitalisés dans des unités de soins de longue durée dans les hôpitaux.

Il y a un an, l'Agence de Montréal a entrepris une vaste réorganisation des soins de longue durée pour les personnes âgées.

L'objectif est de fermer des lits de soins de longue durée dans les hôpitaux et d'orienter les personnes âgées vers des ressources plus appropriées, notamment vers les CHSLD et les ressources intermédiaires. Une réorganisation qui est toujours en cours et qui fonctionne relativement bien jusqu'à présent, soulignent plusieurs.

Sauf pour les personnes qui ont des problèmes de comportement. Même si 21 nouvelles places ont été ajoutées en octobre, il reste du travail à faire, reconnaît l'adjointe au président et directeur général de l'Agence, Marie Boucher. «Cela nous a permis de donner une bouffée d'air, mais ce n'est pas encore suffisant.»

Plus sécuritaire

En attendant, il est plus sécuritaire pour ces patients de se retrouver à l'hôpital, où le personnel est plus nombreux qu'en centre d'hébergement, ajoute-t-elle.

«C'est dérangeant pour les médecins, pour les autres patients autour, mais nous avons un devoir de nous assurer que ces gens qui ont un problème important de comportement soient en sécurité. On ne peut pas, pour libérer l'hôpital, mettre cette personne dans un milieu d'hébergement qui n'est pas adéquat», précise Mme Boucher, en ajoutant qu'il ne s'agit pas là de discrimination face à des patients plus dérangeants que d'autres.