Les familles de femmes décédées du cancer du sein au cours des derniers mois pourraient ne jamais connaître les résultats de reprises de tests, a rapporté Radio-Canada, mardi.

Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information font état de cette directive du ministère de la Santé.

Le ministère a confirmé à Radio-Canada que les équipes soignantes du réseau ne sont pas tenues de contacter les familles des personnes décédées. On a soutenu que cette approche a été prise par souci de délicatesse et de compassion.

En juin, un comité d'experts a recommandé au gouvernement du Québec d'analyser à nouveau les résultats de tests de pathologie servant à déterminer le traitement approprié pour les victimes de cancer du sein.

A la suite de l'analyse de près de 3000 tests possiblement erronés passés entre avril 2008 et juin 2009, tous les gens concernés devaient être contactés.

Or, il semble que Québec ait prévu une exception.

Selon les documents consultés par Radio-Canada, la Direction de la lutte contre le cancer a indiqué aux agences de santé qu'il n'était pas nécessaire de communiquer les résultats des nouveaux tests aux familles, à moins qu'elles n'en fassent la demande.

Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, Gaétan Barrette, a dit croire que les familles doivent être informées. Il a dit à Radio-Canada voir dans cette décision une «opération de camouflage» visant à empêcher les poursuites.

En juin, une demande de recours collectif a d'ailleurs déjà été déposée en Cour supérieure par une patiente, Marianne Tonnelier, qui accuse Québec de négligence.

La porte-parole de la Coalition Priorité Cancer, Nathalie Rodrigue, a qualifié la directive de «franchement étonnante» et «choquante». Elle a demandé des explications au ministre de la Santé, Yves Bolduc, sur cette façon de faire.

Le bilan complet des reprises des tests pour le cancer du sein sera rendu public au cours des prochains jours.

Au printemps, Québec avait décidé de procéder à la reprise de tests par «mesure de protection» à la lumière des résultats d'une étude menée par le président de l'Association des pathologistes du Québec, le docteur Louis Gaboury. Cette étude laissait croire que des tests de laboratoire de pathologie avaient pu amener des médecins à prescrire le mauvais traitement à leurs patientes.