L'hôpital Charles-LeMoyne, en Montérégie, est aux prises avec une éclosion de Clostridium difficile qui a entraîné la mort indirecte de 13 patients au cours des derniers mois.

Depuis la fin du mois d'août, 41 patients ont souffert de diarrhées et de maux liés à cette infection nosocomiale. Il s'agit pour la plupart de gens âgés et très malades.

«De ce nombre, nous avons eu 13 décès associés au C. difficile mais, dans notre analyse, nous savons que trois d'entre eux étaient plus directement liés à la bactérie», a précisé le directeur des services professionnels et hospitaliers de l'hôpital, le Dr Alphonse Montminy.

Selon la politique de surveillance des éclosions de C. difficile du ministère de la Santé et des Services sociaux, tout patient qui contracte une diarrhée causée par la bactérie et qui meurt dans les 30 jours est considéré comme une victime du C. difficile, peu importe les autres maladies dont il pouvait être atteint.

En 2006, l'hôpital Honoré-Mercier, à Saint-Hyacinthe, avait également été aux prises avec une éclosion de C. difficile. La bactérie avait touché quelque 70 patients et fait 16 victimes. Dans son rapport, la coroner Catherine Rudel-Tessier avait sévèrement blâmé la direction de l'hôpital pour son inefficacité dans sa lutte contre la bactérie.

Il est toutefois difficile de comparer les deux situations puisque la façon de compiler les décès liés au C. difficile a changé depuis ce temps.

À l'hôpital Charles-LeMoyne, la situation est toutefois prise au sérieux, d'autant plus qu'on n'y avait signalé aucune éclosion de la sorte depuis 2004. «Cette éclosion est une surprise, car les règles et les mesures de prévention n'ont pas changé», s'étonne d'ailleurs le Dr Montminy.

Dès les premiers signes d'une éclosion de C. difficile, les mesures ont été renforcées, notamment en ce qui concerne la désinfection des chambres. Un comité de surveillance a également été mis en place.

Au cours des dernières semaines, voyant que l'éclosion n'était toujours pas endiguée, la direction a choisi d'isoler tous les patients infectés dans la même unité. Les 12 patients qui s'y trouvent ne peuvent recevoir aucune visite.

La deuxième vague de grippe A (H1N1), qui a frappé la Montérégie davantage

que les autres régions du Québec au cours de l'automne, pourrait expliquer en partie la situation.

Lorsqu'il y a beaucoup de cas de grippe, la santé publique s'attend généralement à ce qu'il y ait davantage de cas de C. difficile, explique le Dr Montminy.

«Nous avons vécu une pandémie. Les gens dans la population en général ont eu beaucoup plus d'antibiotiques, ce qui les expose davantage aux diarrhées secondaires associées au C. difficile

Plus tôt cet automne, l'Hôtel-Dieu de Sorel et l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal, ont aussi signalé plusieurs cas de C. difficile.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux, on ne note toutefois pas de recrudescence des infections nosocomiales. Les taux sont comparables à ceux enregistrés à pareille date l'an dernier, voire un peu plus bas.

Quant à la situation à l'hôpital Charles-LeMoyne, «on suit la situation de près. C'est tout de même une éclosion, mais c'est la seule que nous ayons actuellement au Québec», indique la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux, Karine White.