Les hôpitaux ont de plus en plus recours au privé pour faire soigner leurs patients, même s'ils doivent payer plus cher, a appris La Presse.

 

L'hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, qui a conclu une entente avec la clinique Rockland MD pour y faire opérer des patients, n'est pas le seul à agir de la sorte.

Des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information révèlent qu'au moins sept autres ententes du genre existent, notamment à Laval, à Gatineau et à Saint-Jérôme.

Plus de 2000 patients de la Cité de la santé de Laval ont ainsi été soignés dans des cliniques privées depuis le 1er avril 2009, et ce, aux frais de l'État.

La Clinique chirurgicale de Laval a traité le plus fort volume de patients. Du mois d'avril au mois de juillet 2009, 1166 patients y ont subi une opération mineure.

L'entente initiale, conclue à l'automne 2008, prévoyait un minimum de 16 interventions par journée d'activité, pour un total annuel de 600 000 $. «Nous avons réajusté l'entente, car, au terme de l'année, il y a eu moins d'opérations que le minimum prévu», indique le porte-parole de la Cité de la santé, Mathieu Vachon.

Depuis le mois d'avril, 535 patients ont aussi été traités à la Clinique de gastroentérologie et d'endoscopie de Laval, et 310 autres ont subi un examen à la clinique du Groupe Uro Laval. La facture totale avoisine les 200 000 $.

Ce recours au secteur privé vise à faire en sorte que les patients soient soignés plus vite. Mais il n'est pas certain que cela se fasse à coût égal ou moindre, reconnaît M. Vachon.

«Il est difficile pour un hôpital de mettre un coût unitaire sur un acte précis.» Chose certaine, ajoute-t-il, «ces ententes permettent d'orienter les services à l'extérieur de l'hôpital à un coût intéressant pour traiter les patients plus rapidement».

L'hôpital de Saint-Jérôme, pour sa part, fait faire par le privé des opérations de la cataracte afin de respecter les délais de six mois imposés par Québec. Mais cela coûte plus cher. Après avoir fait affaire avec une clinique de Laval, l'hôpital de Saint-Jérôme a signé en juillet dernier une entente avec l'Institut de l'oeil des Laurentides. Le contrat prévoit que 1000 patients seront opérés dans la prochaine année, au coût de 1000 $ chacun.

Au CSSS de Gatineau, le directeur des communications, Sylvain Dubé, reconnaît que le recours au privé coûte plus cher. Il précise toutefois : «Sans réduire nécessairement les listes d'attente, cela nous permet au moins de les maintenir, car nous avons une forte demande.»

L'an dernier, 560 des quelque 4000 tests d'imagerie médicale ont été réalisés à la clinique IRM Plus. Au lieu de 230 $ à l'hôpital, l'examen coûte alors 540 $.

Certaines femmes enceintes sont par ailleurs dirigées vers la Clinique d'échographie de l'Outaouais lorsque l'hôpital n'est pas en mesure de réaliser leur échographie foetale entre la 18e et la 20e semaine, comme c'est nécessaire.

Dans ce cas, l'examen coûte 160 $ plutôt que 45 $ à l'hôpital. Ainsi, 18 femmes enceintes, sur un total de 300, ont passé leur examen au privé, mais aucune au cours des trois derniers mois, précise M. Dubé.

La dernière entente conclue à Gatineau se fait par ailleurs à coût nul. Des médecins ont choisi d'installer une clinique de neurologie à l'extérieur de l'hôpital, pour une question d'espace, et le budget a été transféré.

- Avec la collaboration de William Leclerc