La deuxième vague de grippe A (H1N1) passée, Québec cherche à se départir de ses surplus de vaccins ainsi que des médicaments et du matériel accumulés dans ses entrepôts.

Québec est aussi à comptabiliser les dépenses engendrées par la pandémie. À ce jour, le ministère de la Santé et des Services sociaux estime avoir dépensé plus de 82 millions de dollars, révèlent des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

L'achat de fournitures (21,8 millions), de médicaments (18,3 millions) et de vaccins (26,1 millions) représente la majeure partie de ces dépenses.

Ces chiffres ne tiennent pas compte du coût des ressources humaines et des dépenses engagées ailleurs dans le réseau. Le gouvernement a estimé que la grippe A (H1N1) lui coûtera quelque 200 millions, mais il n'est pas encore en mesure de brosser un portrait détaillé des frais engagés.

«Nous avons demandé aux agences de santé de comptabiliser tous les coûts et de nous les fournir d'ici à la fin du mois de janvier. Le portrait sera alors plus complet», indique la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux, Dominique Breton.

Par ailleurs, les provinces canadiennes se retrouvent avec quelque 9 millions de doses de vaccin inutilisées. Un comité de sous-ministres discute avec le fédéral pour déterminer si l'on pourrait les donner ou les vendre à des pays qui en ont besoin.

À ce jour, le Mexique se serait montré intéressé, a souligné le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Alain Poirier.

Le Québec pourrait avoir entre 1 et 2 millions de doses de trop, qui se trouvent toujours chez le fournisseur. «Je n'ai pas la quantité exacte, mais il y aurait entre 1 et 2 millions de doses chez GlaxoSmithKline», estime le Dr Poirier.

Les doses déjà stockées dans les centres de distribution seront par ailleurs conservées. Le vaccin est bon pendant 18 mois et l'adjuvant, pendant trois ans.

Plus de 55% de la population québécoise a été vaccinée, soit environ 4,3 millions de personnes. On avait acheté des vaccins pour quelque 7,8 millions de personnes.

Objection

Le critique péquiste en matière de santé, le député Bernard Drainville, désapprouve l'empressement du gouvernement à se débarrasser de ses surplus.

L'objectif du gouvernement, qui était de vacciner la vaste majorité des Québécois, n'a toujours pas été atteint, rappelle M. Drainville: «Ce serait un peu ridicule qu'on renonce à nos doses de vaccin alors qu'on a encore 45% de la population qui n'est pas vaccinée, pour réaliser tout à coup qu'il y a une troisième vague et qu'on n'a pas les vaccins pour protéger notre population.»

Maintenant que le pire de la pandémie semble passé, Québec écoulera aussi les masques, les médicaments et les diverses fournitures qu'il a accumulés dans des entrepôts au cours des derniers mois.

Du côté du fédéral, rien n'a encore été annoncé, tant en ce qui concerne les surplus de vaccins que le matériel accumulé.

«Nous examinons un certain nombre d'options relatives aux excédents de vaccins. Lorsque nous serons certains de détenir une quantité suffisante de vaccins pour répondre aux besoins actuels et aux imprévus possibles, nous ferons savoir lesquelles de ces options nous privilégions», a indiqué la porte-parole, Caroline Grondin. Elle a ajouté que le don d'une partie des surplus à des pays qui en ont besoin est «l'une des options sérieusement envisagées».

Ailleurs, certains pays, dont la France, cherchent depuis plusieurs semaines déjà à se départir de leurs surplus en les vendant aux pays qui en ont besoin.

- Avec la collaboration de William Leclerc