Depuis 25 ans, Maurice prend soin tous les jours de sa femme qui souffre gravement de parkinson et d'alzheimer. Le fardeau d'aidant naturel est devenu si lourd pour ce Montréalais qu'il a dû cesser de travailler. Il souffre aussi de dépression. Le cas de Maurice n'est pas unique. Et selon une étude publiée hier par la Société Alzheimer, le nombre de gens atteints de démence doublera au cours des 30 prochaines années, créant un véritable «raz-de-marée» économique.

Les coûts directs et indirects liés à la démence se multiplieront par 10 au cours des prochaines années révèle l'étude. Alors qu'une personne développe une démence toutes les cinq minutes actuellement au pays, une personne vivra pareille situation toutes les deux minutes d'ici trente ans. Les coûts de cette explosion de cas atteindront 153 milliards par année en 2038.

 

En plus des frais associés aux soins directs aux malades, les coûts liés aux proches-aidants seront considérables. Les proches-aidants seront de plus en plus sollicités. Le temps qu'ils consacreront aux soins va plus que tripler d'ici 2038 pour atteindre 756 millions d'heures. «Beaucoup d'aidants cessent de travailler pour prendre soin de leur proche. D'autres travaillent moins ou prennent congé plus souvent, explique la porte-parole de la Société Alzheimer de Montréal, Amélie Giguère. Ça a des conséquences économiques importantes.»

Pour prendre soin de sa femme, Maurice a quitté son emploi il y a plus d'un an. «Ma femme tombe souvent, explique-t-il. Il faut quelqu'un à ses côtés en tout temps. J'étais courtier en immeuble. J'ai suspendu mon permis l'an dernier. Je ne crois pas le récupérer. Je dois consacrer mon temps à ma femme. Je ne peux pas m'absenter plus que quelques heures de ma maison.» Au fil des ans, Maurice a aussi vu sa santé décliner. «Ma femme a beaucoup changé, avoue-t-il. C'est dur de la voir comme ça. Je suis très stressé. Je prends des somnifères pour dormir. Je suis aussi sous médication pour une dépression.» Maurice croit que plusieurs proches-aidants tombent eux-mêmes malade et engendrent des coûts supplémentaires pour la société. «On n'a pas beaucoup d'aide. C'est dur», dit-il.

Dans son étude, la Société Alzheimer recommande que les programmes de soutien aux proches-aidants soient bonifiés. Et pour retarder l'apparition de la démence, la Société propose que des programmes de prévention basés sur l'alimentation saine et l'exercice soient mis en place. «On sait qu'avoir une bonne santé peut retarder l'apparition de la démence, explique Mme Giguère. Il est aussi important de garder son cerveau actif, notamment en faisant des mots croisés, en apprenant une nouvelle langue ou en restant actif socialement.»

Selon la Société Alzheimer, mettre en place des programmes de prévention permettrait d'économiser jusqu'à 219 milliards de dollars sur 30 ans.