Les auditions sur le droit de mourir dignement s'amorceront dès lundi. La Commission de la santé et des services sociaux du Québec entendra une trentaine d'experts, de divers horizons, qui se prononceront sur la question de l'euthanasie.

Ces rencontres serviront à élaborer un document qui constituera la base d'une consultation générale, à mener plus plus tard, auprès de toute la population du Québec.

Outre la possibilité de décider du moment où la mort viendra, c'est toute la question du veillissement qui se pose aussi au centre du débat. Le défi générationnel teinte quelque peu la donne et se reflète sur la perception du bien-être et sur les conditions de vie.

«On observe une très grande peur de vieillir, mais encore plus de perdre son autonomie. Quand les gens sont en santé ça va, mais quand ils se fragilisent, l'anxiété grandit et ils ont surtout peur d'être institutionnalisés», a raconté le Dr Hubert Marcoux, professeur au Département de médecine familiale et de médecine d'urgence de Université Laval.

Il soutient par contre que même si plusieurs Québécois appuient l'idée de permettre l'euthanasie, concrètement les demandes demeurent relativement peu nombreuses.

Pour Hélène Bolduc, présidente de l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, la question se pose autrement.

«Nous en sommes rendus à tenir un débat sur la mort et sur la manière dont on veut mourir. Je crois que nous avons suffisamment de droits, dans notre société, pour accepter que cette liberté puisse être donnée», a-t-elle soutenu.

Avant de sonder directement les Québécois sur ce sujet qui interpelle plusieurs valeurs personnelles et soulève bien des considérations éthiques, les députés veulent cerner, a priori, les contours associés à cette pratique.

«On a tendance à penser qu'il s'agit d'une histoire médicale alors que c'est une réalité de société qui engage toutes les personnes qui constituent cette société», a ajouté le Dr Marcoux.

L'heure n'est pas encore venue de déterminer si le Québec entend tolérer ou permettre l'euthanasie. La démarche qui s'entame n'est qu'exploratoire puisque que le Québec n'a pas l'autorité nécessaire pour autoriser l'euthanasie. Cette décision relève en effet du gouvernement fédéral.

Au terme du processus, il ne s'agira donc que de pistes de réflexion. Cette situation ne minimise pas la portée de l'exercice selon Mme Bolduc. Elle voudrait décriminaliser le geste et instituer une liberté de choix, en fin de vie.

«Le code criminel est de compétence fédérale, mais si nous arrivons à un consensus au Québec sur l'euthanasie ou le suicide assisté, dans certaines circonstances bien déterminées, il y aura alors lieu de faire des représentations pour obtenir une commission parlementaire», affirme-t-elle.

Au terme de la démarche lancée par la Commission de la santé et des services sociaux du Québec, une forme de consensus qui pourrait en effet, éventuellement, être présentée à Ottawa comme la position de la province.