Les heures supplémentaires obligatoires ont provoqué une crise aux soins intensifs de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont le week-end dernier. Pour protester contre le manque de personnel, les équipes de soir et de nuit ont refusé d'entrer au travail.

C'est le personnel infirmier affecté au quart de jour, entré au boulot à 8h le samedi matin, qui a été obligé de rester auprès des patients jusqu'à 2h dans la nuit de samedi à dimanche, ce qui représente 18 heures de travail.

«C'est ni plus ni moins une prise d'otages», dénonce Steeve Gauthier, infirmier affecté au sein de l'équipe de jour aux soins intensifs.

«Personne de la direction de l'hôpital ne s'est préoccupé des otages que nous étions. Pendant ces 18 heures, personne ne nous a donné de soutien», dénonce-t-il à La Presse.

Les heures supplémentaires obligatoires sont un problème récurrent dans les hôpitaux, à Maisonneuve-Rosemont comme ailleurs.

En raison de la pénurie d'infirmières, il arrive régulièrement que certaines soient obligées de rester après leurs heures de travail régulières pour remplacer des collègues absentes.

Mais samedi dernier, voyant que la situation se reproduisait à Maisonneuve-Rosemont, le personnel infirmier affecté au quart de travail de soir a décidé en bloc de ne pas travailler.

Une situation exceptionnelle qui s'était déjà produite aux urgences du même hôpital.

Les infirmières en ont eu assez, explique M. Gauthier. «On comprend ce qu'elles vivent. La pénurie est encore plus criante de nuit que sur les autres quarts de travail. L'équipe de soir est donc beaucoup plus souvent sollicitée pour les heures supplémentaires obligatoires que nous qui travaillons de jour.»

L'équipe du soir s'est réfugiée dans une salle de repos et des discussions ont été entreprises avec la direction pour dénouer l'impasse.

Mais à minuit, la crise persistait toujours. L'équipe de nuit qui devait commencer son quart de travail a refusé à son tour d'entrer au boulot.

Pendant tout ce temps, le personnel de jour assurait le relais, ne sachant pas quand il pourrait rentrer à la maison. «On ne pouvait tout simplement pas laisser nos patients. Ils étaient sous notre responsabilité», souligne M. Gauthier.

La direction au courant

L'équipe de jour a finalement été remplacée aux premières heures de la nuit. Mais pour M. Gauthier et plusieurs de ses collègues, la situation a assez duré. Ils en ont assez des heures supplémentaires obligatoires.

La direction de l'établissement reconnaît le problème. «Nous sommes conscients de la situation difficile dans laquelle travaille notre personnel. Nous reconnaissons les efforts qui ont été faits, particulièrement par l'équipe de jour, pour maintenir la qualité des soins samedi dernier», déclare le responsable des communications de l'hôpital, François Brochu.

La direction a même sollicité une rencontre avec les syndicats. «Nous voulons mettre les choses sur la table et discuter des raisons qui ont mené à une crise comme celle-là», ajoute M. Brochu.

Mais le syndicat se montre sceptique. Pour trouver de réelles solutions, il faudra davantage qu'une rencontre, croit Michel Léger, président du Syndicat des professionnels en soins de santé unis, qui représente le personnel infirmier de l'établissement.

«C'est un véritable cri du coeur qui a été lancé, dit M. Léger. Il y a une réelle problématique de temps supplémentaire obligatoire à Maisonneuve-Rosemont. Nous représentons 31 établissements et je peux vous dire que ce n'est pas comme ça partout.»