La médecine familiale intéresse moins d'étudiants que jamais au Québec, a appris La Presse. À l'heure actuelle, 80 postes en résidence n'ont toujours pas trouvé preneur dans les quatre facultés de médecine de la province. Seulement 316 des 396 postes vacants ont été pourvus jusqu'à maintenant.

À l'inverse, la médecine spécialisée demeure toujours aussi attirante. Selon les résultats du premier tour du Service de jumelage des résidants (CARMS), 449 des 481 places ouvertes en 2010-2011 ont déjà été attribuées.

Il reste donc environ 20% des postes à combler en médecine familiale. Cette proportion est d'à peine 6% en médecine spécialisée, avec 93,3% des postes comblés. Dans une note interne du ministère de la Santé, que La Presse a obtenue, on explique que, si le nombre de postes en résidence au deuxième tour est similaire aux années passées, 22 postes additionnels d'omnipraticiens seront pourvus.

Malgré ce nombre, il resterait tout de même une quarantaine de places vacantes en médecine familiale, puisque seulement 85,3% des postes auront été attribués.

Des résultats pareils incitent la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) à répéter qu'il y a urgence d'agir pour attirer la relève. Il faut selon elle une meilleure rémunération, mais aussi du soutien, comme par exemple des infirmières, comme elle l'a réclamé cette semaine au gouvernement.

«Il faut comprendre que, en faculté de médecine, ce sont tous des premiers de classe, explique le Dr Louis Godin, président de la FMOQ. Ils ont le choix. Alors pour plusieurs, le choix est simple à faire quand on compare la rémunération d'un médecin de famille avec celle d'un spécialiste et qu'on voit la surcharge de travail ou la difficulté à faire opérer ses patients.»

Afin de répondre à la demande, Québec souhaite un ratio de 50% dans chacun des groupes de médecine. Mais les données du premier tour laissent entrevoir que, à la fin du deuxième tour, 38 % des postes seront comblés en médecine familiale. Le reste, un peu plus de 60%, ira en médecine spécialisée.

De ce côté, après le premier tour, tous les postes vacants ont déjà été comblés en pédiatrie (36), en chirurgie générale (33), en obstétrique-gynécologie (26), en radiologie diagnostique (26) et en anesthésiologie (30). Il ne reste par ailleurs que deux postes vacants sur 40 à pourvoir en psychiatrie, et un seul sur 22 en chirurgie orthopédique. Ce qui ne diminue en rien la pénurie dans certaines spécialités, qui touche certaines régions plus que d'autres.

«Il reste que si on additionne les postes qui n'ont pas été comblés en médecine familiale depuis quatre ans, on arrive au nombre de 244 postes. C'est donc dire que près de 250000 Québécois ont été privés d'un médecin. Le scénario est encore plus sombre avec les départs à la retraite», déplore le président de la FMOQ, le Dr Louis Godin.

Afin d'attirer les résidents en médecine familiale, le gouvernement a déjà fait des efforts, notamment en rencontrant les étudiants pour valoriser la profession. Mais les effets ne sont pas encore marqués, ne peut que noter la FMOQ.