Me Jean-Pierre Ménard, avocat bien connu spécialisé dans les causes médicales, interpelle Québec pour qu'il mette fin à la crise dans les urgences. Accompagné de quatre clients qui ont perdu tragiquement un proche, mort faute de soins aux urgences, Me Ménard a sommé le gouvernement, hier en point de presse, de mettre en place des mécanismes afin que le Guide de gestion des urgences soit appliqué.

Ce guide, épais comme un bottin téléphonique, révisé en 2007 sous l'ancien ministre de la Santé Philippe Couillard, contient notamment l'échelle canadienne de triage, avec les délais dans lesquels un patient doit être vu par un médecin. Le triage compte cinq degrés, selon la gravité de l'état de santé, et prévoit des délais ne dépassant pas deux heures, dans lesquels les patients doivent être réévalués par une infirmière.Le cabinet de Me Ménard traite actuellement 10 causes de décès survenus à la suite de séjours de plusieurs heures aux urgences de différents hôpitaux de Montréal. «L'urgence est la porte d'accès au système de santé. Et on a atteint un point de rupture depuis longtemps, estime Me Ménard. On ne peut certainement pas faire un miracle, mais on peut faire mieux, en appliquant la loi qui stipule qu'il incombe à tout établissement de voir à ce que soient fournis les soins. Présentement, le gouvernement agit comme un pompier en éteignant les feux. Il faut que ça cesse.»

Me Ménard représente notamment la famille de Nicole Dauphinais, morte d'une embolie pulmonaire en décembre 2005, à l'âge de 57 ans, après avoir passé plus de six heures sur une civière dans un couloir des urgences de l'hôpital Pierre-Boucher. La poursuite, qui démontre qu'elle ne serait probablement pas morte si elle avait été réévaluée conformément aux normes de triage, a fait l'objet d'un règlement à l'amiable. La famille a depuis créé une fondation d'aide aux victimes d'erreurs médicales.