Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, le répète : il n'a pas l'intention de négocier sur la place publique les conditions de travail du personnel de la santé. Et cette règle s'applique aussi aux infirmières.

Au lendemain d'une série d'articles publiés dans La Presse au sujet du recours des hôpitaux aux agences de placement privées, le ministre n'a pas proposé de solutions pour le diminuer. Son attachée de presse, Karine Rivard, a toutefois déclaré : «Évidemment, il a l'intention de réduire le recours à la main-d'oeuvre indépendante. Mais actuellement, les infirmières privées sont souvent essentielles pour éviter la rupture des services hospitaliers.»

Bernard Drainville, critique du Parti québécois en matière de santé, estime pour sa part que les hôpitaux, les agences de santé et les syndicats doivent se concerter pour réduire l'appel au privé.

«Dans la région de la Capitale-Nationale, le recours au privé est presque à zéro grâce à une décision commune des directions d'établissement. Mais la clé, selon moi, réside dans l'ouverture de postes permanents. Pas des postes de deux, trois jours par semaine. On parle plutôt de postes réguliers, de quatre ou cinq jours par semaine.»

M. Drainville cite l'exemple de la région de Sainte-Anne-des-Monts, sur la côte nord de la péninsule gaspésienne, qui, selon ses projections, va récupérer jusqu'à un demi-million en créant des postes permanents. «Cette décision a pour effet de couvrir tous les quarts de travail, de jour, de soir ou de nuit, et de stabiliser les équipes de soins. Mais malheureusement le réseau est géré à la pièce, présentement.»

Plafonner les salaires

Lise Denis, dirigeante de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), est d'accord pour dire qu'il faut une concertation dans les établissements de santé. Mais elle va plus loin.

«Je pense aux honoraires, explique-t-elle. Les médecins et les spécialistes sont soumis à des plafonds salariaux. Pourquoi ne pas imposer un plafond pour les infirmières privées, pour les agences? Le ministre doit faire des gestes concrets.»

L'une des agences les plus actives au Québec, Urgence médicale Code bleu, dont les publicités ont récemment fait sursauter la Fédération professionnelle de la santé du Québec (FIQ), estime que les agences sont là «pour aider le réseau public de santé».

«On passe pour les méchants dans ce dossier-là, mais nous ne sommes pas là pour nuire au système, indique le président-directeur général, Jean-François Désilets. Au contraire, on aide le système à éviter une rupture dans les soins.»

Qualifiant le phénomène de «marginal», il concède qu'une division de son agence, en Europe, a commencé à embaucher des infirmières du Québec pour les faire travailler en Suisse. «Les infirmières demandent un congé sans solde, mais on constate que les hôpitaux ont tendance à les refuser. Découragées, et avec l'envie d'acquérir un nouveau bagage de connaissances, les infirmières démissionnent du réseau public. Et quand elles reviennent, elles se joignent à nous.»