Au Québec, on estime qu'environ une personne sur quatre n'a pas de médecin de famille. Selon les dernières données d'un comité formé par le gouvernement et la fédération représentant les omnipraticiens, il manque présentement 1102 médecins pour pouvoir sortir la tête de l'eau. Et la solution pour y arriver demande des actions musclées, estime le Collège des médecins.

«La force d'un budget, ce sont les soins de santé, estime le Dr Yves Robert, secrétaire au Collège des médecins. Dans le prochain budget provincial, la moitié des 25 milliards attribués à la santé devraient aller aux soins de première ligne. Donc 12 milliards. Les soins de première ligne sont à la base d'un bon système de santé.»

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec reconnaît que pour parvenir à redresser les soins de première ligne, il faut des investissements majeurs. Notamment pour inciter les étudiants à choisir la médecine familiale plutôt qu'une spécialité, où le salaire est le double, sinon plus.

Le Dr Serge Dulude, qui siège sur le comité de gestion des effectifs médicaux pour la FMOQ en partenariat avec le ministère de la Santé, explique qu'au-delà de l'argent, il faut des mesures d'incitation pour garder les médecins sur la première ligne, à faire du sans rendez-vous, par exemple.

«Quand on regarde le nombre de médecins de famille inscrits au tableau de l'Ordre, il faut aussi regarder les individus, explique le Dr Dulude. C'est-à-dire les retraités, ceux qui pratiquent à temps partiel et ceux qui travaillent pour l'industrie pharmaceutique, la CSST et la SAAQ, ou des entreprises privées, comme des compagnies d'assurances.»

Sur l'ensemble des quelque 9000 médecins de famille que compte la province, on estime au Collège des médecins que 4000 omnipraticiens font autre chose que des soins de première ligne.

«Le Dr Barrette, de la Fédération des médecins spécialistes ne va pas aimer ça, mais pour attirer les étudiants en médecine familiale, il faudrait que les spécialistes s'enregistrent obligatoirement auprès des omnipraticiens, estime le Dr Robert, du Collège des médecins. Parce que présentement, nos médecins perdent une partie de leur journée au téléphone à obtenir des résultats de tests et une autre partie à essayer d'obtenir un rendez-vous avec un spécialiste pour leurs patients.»

«Vous savez, ajoute le Dr Robert, les médecins sont des obsessifs compulsifs, des perfectionnistes. Et c'est comme ça que nous les choisissons. Mais quand on est perfectionniste, et qu'on a l'impression qu'on ne sera pas à la hauteur en médecine familiale, on préfère choisir une spécialité où on sera le meilleur, avec un meilleur salaire.»