Le président de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, assure que les contrats visant l'ouverture de ressources intermédiaires pour aînés sont attribués «dans les règles de l'art». S'il reconnaît que l'on a accéléré le processus d'implantation du réseau, il assure que l'Agence «ne tourne pas les coins ronds». Mais les associations d'aînés du Québec sont tout de même inquiètes.

Dans un article publié hier, La Presse a expliqué que l'Agence de Montréal, qui a pour objectif de créer 1325 places en ressources intermédiaires (RI) d'ici à 2013, doit presser le pas si elle veut y parvenir.

 

Une ressource intermédiaire est une résidence privée qui fournit les services de base (logement, nourriture, loisirs, entretien ménager). Les soins infirmiers et médicaux y sont assurés par le centre de santé et de services sociaux (CSSS) du secteur.

30 000$ par patient

Seules les personnes âgées nécessitant moins de trois heures de soins par jour sont acceptées dans ces établissements. Les entrepreneurs reçoivent des CSSS 30 000$ par année par patient, en moyenne, pour une durée de 10 ans.

Au CSSS Ahuntsic-Cartierville-Saint-Laurent, deux contrats de ressource intermédiaire ont récemment été donnés sans qu'aucun appel de projets ait été lancé. Le promoteur a simplement offert au CSSS de construire deux résidences sur le boulevard de l'Acadie, et ses projets ont été acceptés.

M. Levine reconnaît que l'Agence doit actuellement presser le pas afin d'atteindre ses objectifs. En ce qui concerne les deux nouvelles ressources intermédiaires du boulevard de l'Acadie, M. Levine reconnaît que le contrat a été accordé sans appel de projets. Mais il assure que le promoteur, qui possède une autre RI ailleurs à Montréal, est «très rigoureux».

Il ajoute que le Guide de mise en oeuvre d'une ressource intermédiaire et le Guide d'évaluation préliminaire, conçus par l'Agence, énumèrent une série de critères à respecter. Ces critères garantissent la qualité du projet et sont si sévères que très peu d'entrepreneurs sont intéressés à ouvrir une RI, selon M. Levine.

Plus de lits

La Presse a aussi révélé hier que, alors que les ressources intermédiaires devaient au départ compter entre 25 et 40 lits afin de respecter une approche «milieu de vie», l'Agence a accordé des contrats pour des résidences de 78 et même de 96 lits.

«Au départ, on voulait des ressources plus petites. Mais maintenant, quand on donne plusieurs lits dans une même RI, ils sont regroupés à de petits étages et l'approche milieu de vie est respectée», explique M. Levine, qui ajoute que puisque les promoteurs sont peu nombreux à demander des contrats de ressource intermédiaire, permettre plus de lits est une façon d'attirer des candidats.

La porte-parole de l'opposition officielle pour les questions qui touchent les personnes âgées, Lisette Lapointe, ne se satisfait pas des arguments de M. Levine. Selon elle, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, doit fournir plus d'explications.

Les révélations de La Presse troublent le porte-parole de l'Association de défense des droits des retraités (AQDR), Jacques Fournier. Selon lui, l'urgence de créer des places en RI ne justifie pas le manque de rigueur dans le choix des entreprises privées.

Et M. Fournier ne croit pas qu'il soit possible de conserver une approche «milieu de vie» dans des établissements qui auront jusqu'à 96 places. Selon l'AQDR, on commence à voir poindre une «approche industrielle de l'hébergement des personnes en moyenne perte d'autonomie».

La présidente de l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP), Madelaine Michaud, est elle aussi troublée. Selon elle, «plus une résidence est grosse, moins il y a de possibilités de suivre de près ce que vivent les aînés afin d'éviter les dépressions et les maladies.»

Le juriste Louis Plamondon s'interroge quant à lui sur la qualification des entrepreneurs qui obtiennent des contrats de RI. «Certains ont plusieurs ressources et gèrent jusqu'à 200 lits! Qui sont-ils pour gérer autant de lits?» demande-t-il. M. Plamondon s'inquiète aussi du fait que les RI ne sont pas assujetties à la Loi sur les coroners et que, en conséquence, elles ne sont pas tenues de déclarer les décès qui surviennent dans leurs murs.