Huit entreprises d'économie sociale de Montréal, qui aident chaque année des centaines de personnes âgées dans leurs activités quotidiennes comme la cuisine ou le ménage, sont outrées d'avoir vu leurs subventions baisser en mars dernier, quelques jours avant la date à laquelle leur budget devait être bouclé. Mercredi, elles ont envoyé au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) une mise en demeure dans laquelle elles affirment que ces coupes sont carrément illégales.

Répit-ressource de l'est de Montréal, Remue-ménage, la Coopérative Aux P'tits Soins, Coup de balai, Plumeau, Chiffon et Compagnie, SAD de Saint-Hubert, la Maisonnette du Sud-Ouest et Service West-Net font partie des 101 entreprises d'économie sociale du Québec qui aident chaque année plus de 75 000 aînés dans leurs tâches quotidiennes.

 

Depuis 1998, les subventions accordées par le gouvernement aux clients de ces entreprises stagnaient entre 4$ et 10$ l'heure, ce qui a obligé plusieurs aînés à renoncer à ces services.

Conscient de cette situation, le gouvernement a annoncé en octobre 2009 qu'il mettait fin au gel des subventions et accordait 3,5 millions d'argent frais aux clients des entreprises d'économie sociale. Puis, invoquant le contexte économique difficile, le gouvernement a fait volte-face en décembre et annoncé que les 3,5 millions promis seraient puisés à même les budgets des entreprises.

«Jusqu'au mois d'avril, la subvention sera disponible. Mais après, il faudra trouver un moyen de l'autofinancer», avait annoncé Harold Fortin, porte-parole de la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault.

Mais la directrice de l'organisme Répit-ressource, Hélène Paradis, explique que jamais les entreprises n'ont reçu de confirmation à ce sujet. Ce n'est qu'à la mi-mars, quelques jours avant de boucler son budget, que Mme Paradis a reçu une lettre lui annonçant qu'une partie de ses subventions serait éliminée pour financer la promesse du gouvernement.

Dans cette lettre, le sous-ministre adjoint, Sylvain Gagnon, reconnaît que «cette décision, de même que la mesure relative au rehaussement du salaire minimum, pourrait créer à moyen terme un resserrement de la situation financière des entreprises d'économie sociale».

Trou dans le budget

«Juste pour moi, cette décision équivaut à une perte de 91 000$! C'est énorme! Et apprendre ça à quelques jours de la fin de l'année budgétaire, ce n'est pas légal», soutient Mme Paradis, qui ajoute que, contrairement à ce qui a été annoncé, le retrait de ces 91 000$ s'applique à l'année dernière. «J'ai un trou dans mon budget. Selon moi, c'est illégal parce que la loi obligeait le gouvernement à nous avertir au moins trois mois à l'avance de cette coupe, ce qu'il n'a pas fait.»

Au cabinet de la ministre Thériault, on a refusé de commenter la situation au motif qu'un recours judiciaire est en cours. Mais M. Fortin a expliqué que le comité de travail des entreprises d'économie sociale siège toujours et que plusieurs rencontres avec les représentants de ces entreprises ont eu lieu dans les derniers mois.