Il y a maintenant 25 ans que les antirétroviraux ont révolutionné le traitement du sida. Ce grand succès de la médecine se raffine sans cesse. Au Québec, le taux de résistance aux antirétroviraux commence même à baisser, après plusieurs années d'augmentation inquiétante.

«On s'inquiétait de la résistance croissante aux antirétroviraux, explique Mark Wainberg, directeur du Centre de recherche sur le sida de l'Université McGill, mais depuis quatre ans le taux a baissé de 10% à 6,5%. On peut considérer que les patients qui ont commencé le traitement depuis trois, quatre ou cinq ans sont mieux traités. Les thérapies sont plus faciles à suivre, les médicaments sont combinés, on n'a plus à en prendre plusieurs fois par jour.»

Autre sujet d'inquiétude pour les spécialistes, la tendance des jeunes homosexuels à ne pas craindre le sida puisqu'il est possible de tenir la maladie en échec s'est aussi résorbée. «Oui, on voit beaucoup trop de jeunes homosexuels qui ne se protègent pas. Mais une fois infectés, ils comprennent la gravité du sida et ils se soignent bien. Et surtout, ils se protègent et n'infectent pas d'autres personnes.»

«Grande victoire»

Pour souligner le 25e anniversaire des antirétroviraux et annoncer la Conférence mondiale sur le sida, qui s'ouvre le 18 juillet en Autriche, le magazine Science a publié hier un dossier sur le sujet. «Les antirétroviraux sont l'une des grandes victoires de la médecine moderne», explique l'auteur de l'article, Samuel Broder, vice-président de Celera, la firme qui a contribué au décodage du génome humain. «Ça montre que si on a suffisamment de ressources gouvernementales, on peut vaincre n'importe quelle maladie. Cela dit, il ne faut pas baisser la garde. La résistance aux antibiotiques est une menace bien réelle qu'il faut contenir. Il ne faut pas suivre l'exemple de la tuberculose, qu'on a déclarée vaincue il y a 20 ans et qui revient en force.»

La recherche se tourne maintenant vers les modalités de la résistance. «Ici, à Montréal, nous faisons partie des études qui ont démontré que les virus résistants sont transmis différemment des autres, dit le Dr Wainberg. Certaines mutations semblent notamment mieux se transmettre que d'autres.»

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Nombre de cas de sida au Québec

2003: 946

2004: 801

2005: 743

2006: 725

2007: 652

2008: 673

2009*: 309

* de janvier à juin.

Source: Institut national de santé publique du Québec