Le gouvernement fait le ménage dans les centres de désintoxication privés. Une vingtaine d'entre eux devront fermer leurs portes au Québec en raison de l'entrée en vigueur de nouvelles normes.

Québec resserre ainsi les règles à la suite des recommandations de la Protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain. Elle avait reçu de nombreuses plaintes, mais ne pouvait sévir, en l'absence de réglementation.

Mais depuis la semaine dernière, de nouvelles dispositions en matière de confidentialité, d'hygiène et de sécurité garantissent la qualité des soins à une clientèle déjà vulnérable.

On passe ainsi d'un régime anarchique à un autre mieux régulé, selon la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault.

«Les gens qui décident d'aller traiter un problème de dépendance, à l'alcool, à la drogue, ou au jeu sont des personnes vulnérables, a expliqué la ministre au cours d'une entrevue téléphonique récente. Donc, on ne peut pas laisser n'importe qui ouvrir des centres de réadaptation.»

La Protectrice du citoyen avait reçu une trentaine de plaintes en 2009 pour abus financier et exploitation entre autres: détournement de chèques de bénéficiaires, trafic de médicaments, manque de surveillance, etc. Les histoires d'horreur ne manquent pas, mais elle ne pouvait intervenir, puisqu'il n'y avait aucun cadre contraignant pour le justifier.

«Certains de ces milieux étaient en soi propices à la récidive, alors qu'un des objectifs, justement, était qu'ils soient des milieux de réinsertion qui contribuent à ce que les personnes vulnérables soient mieux surveillées, pour pouvoir recouvrer leur autonomie», a commenté Mme Saint-Germain dans un entretien.

Sur un peu plus de 120 centres d'hébergement privés spécialisés en désintoxication, 22 ont décidé de lancer la serviette et fermeront au cours de la prochaine année.

«Certains ont dit que c'était trop compliqué et ont décidé carrément de fermer, d'autres trouvaient que cela demandait des rénovations trop majeures au bâtiment, ou ne voulaient pas avoir un gardien de sécurité en permanence» a cité Mme Thériault en exemple.

Elle a indiqué que les agences de santé ont déjà pris des mesures pour réorienter les clientèles vers d'autres ressources.

Un peu plus d'une soixantaine sont déjà certifiés, tandis que 38 devraient recevoir leur certificat en cours d'année.

La Protectrice du citoyen estime toutefois que la clientèle ne sera pas abandonnée à elle-même, puisque d'autres centres s'adapteront à la demande croissante.

Cet avis est partagé par le sénateur Jean Lapointe, qui se consacre depuis longtemps à la lutte aux problèmes de dépendance. Il a d'ailleurs fondé une maison qui porte son nom et qui compte de nombreuses succursales. Il assure que la plupart des centres ne sont pas toujours pleins, mais ajoute que les besoins sont en hausse depuis une quinzaine d'années.

«C'est très bien, je suis très content que le gouvernement se penche sur cette question, a-t-il dit, dans une entrevue par téléphone. Il y a de très bonnes maisons, il y en d'autres un peu moins bonnes. Vous savez, un alcoolique qui se rétablit veut aider les autres, alors il y en a qui n'avaient pas la compétence voulue pour ouvrir un centre.»

Linda Poirier, directrice générale d'une autre maison de réhabilitation, le Centre Casa, dans la région de Québec, se réjouit aussi de l'implantation de la certification obligatoire. Le Centre Casa se targue d'avoir été la première maison certifiée, en 2001, du temps où le régime de certification était volontaire. Il faut cependant un suivi, insiste-t-elle.

«C'est comme un sceau de garantie de qualité de services, a-t-elle résumé. Maintenant, ce qui est important, de mon point de vue, c'est de s'assurer qu'on ait un contrôle régulier de la qualité des services. On est certifié, ce n'est pas pour la vie, on doit réviser nos pratiques, pour s'assurer qu'on demeure à la fine pointe des services qu'on offre.»

La Protectrice du citoyen ne peut garantir que le réseau de la santé et des services sociaux effectuera son travail de surveillance. Elle est toutefois certaine que les agences sont désormais responsables de recommander de «bonnes ressources».

«On a donc des garanties additionnelles, a-t-elle conclu. On verra dans l'application. Moi, je peux vous dire que le Protecteur du citoyen sera vigilant.»