Le système d'assurance maladie est en déclin au Canada et peine à répondre efficacement aux besoins de la population, selon l'Association médicale canadienne (AMC). Pour corriger la situation, l'organisme a dévoilé mardi un vaste plan d'action qui demande notamment que les hôpitaux soient dorénavant financés pour leur volume d'activités, que tous les citoyens soient assurés à 100% pour leurs médicaments et que l'on construise plus d'établissements de soins de longue durée partout au pays.

«Le système de santé actuel ne sera pas capable de répondre aux besoins futurs de la population. Il faut agir maintenant», affirme la présidente de l'AMC, la Dre Anne Doig.

Dans son document intitulé La transformation des soins de santé au Canada - Des changements réels. Des soins durables, l'AMC cible cinq secteurs où il faut agir. Une multitude de solutions est aussi proposée afin d'assurer la pérennité du réseau de la santé canadien.

Par exemple, l'AMC recommande que les hôpitaux soient financés proportionnellement à leur volume d'activités. «Au Québec, ce n'est pas le cas. Les budgets des hôpitaux sont fondés sur des critères historiques. Par exemple, on accorde une certaine somme à chacun pour un nombre prévu d'opérations chirurgicales. Des hôpitaux restreignent le nombre d'interventions pour ne pas dépasser leur budget. Ça doit changer», dit le vice-président de l'AMC, le Dr Robert Ouellet.

Parmi les lacunes les plus graves du système de santé canadien, l'AMC note que les médicaments d'ordonnance ne sont pas assurés également dans chaque province. Dans les provinces de l'Atlantique, les personnes qui n'ont pas d'assurance maladie privée ou qui n'ont pas droit aux programmes publics d'assurance médicaments doivent payer pour leurs médicaments d'ordonnance, une situation inacceptable, selon la Dre Doig.

L'AMC déplore aussi que l'accès aux soins à domicile et aux ressources d'hébergement pour personnes âgées soit déficient. Selon les projections de Statistique Canada, le pourcentage de personnes âgées dans la population (65 ans et plus), qui est de 13% actuellement, pourrait atteindre 25% d'ici à 2031. Le nombre d'établissements de soins de longue durée sera nettement insuffisant pour répondre à la demande, selon l'AMC, qui estime qu'il faudrait construire pas moins de 2500 centres d'hébergement à la grandeur du pays. «On n'a pas pensé aux soins de longue durée dans notre système. On n'est pas prêt à accueillir tous nos aînés», croit le Dr Ouellet.

Débat sur le privé

En 2010, les Canadiens ont dépensé 183 milliards de dollars en soins médicaux. «En dépit des sommes importantes consacrées aux soins de santé, plusieurs indicateurs clés, dont l'accès en temps opportun, révèlent que le système de santé du Canada n'est pas performant», note l'AMC.

L'organisme reconnaît que les temps d'attente pour un nombre limité d'interventions chirurgicales ont diminué au cours des dernières années. Mais elle remarque que «bien des Canadiens attendent toujours beaucoup trop longtemps pour recevoir les soins médicaux nécessaires afin de traiter un vaste éventail de problèmes».

L'AMC ouvre donc la porte à des «solutions de rechange financées par le secteur public». Le secteur privé pourrait-il par exemple jouer un plus grand rôle dans le réseau de la santé? La Dre Doig refuse de se prononcer. «On ne veut pas décider pour la population. Mais il doit y avoir un débat sur la question. Les Canadiens doivent savoir de quoi ils ont besoin et comment ils veulent payer pour ça.»