L'AFEAS Montréal-Laurentides-Outaouais, un organisme qui représente les femmes, a brisé la glace ce matin en Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, en se positionnant en faveur de l'euthanasie en fin de vie. Le regroupement réclame du ministre de la Santé, Dr Yves Bolduc, d'inclure comme soin «l'aide active à mourir.» Il demande également du fédéral d'amender le code criminel pour décriminaliser l'acte dans des circonstances particulières.

La présidente régionale de l'AFEAS, Line Charland, a expliqué au nom de ses quelque 12 000 membres, que ces recommandations émanent d'une réflexion amorcée il y a 20 ans en raison d'une hausse médiatisée des demandes de suicide assisté. Elle a précisé que la mort par euthanasie devrait être accordée aux gens qui en ont préalablement exprimé «le choix de façon libre et éclairée, et qui sont en perte d'autonomie, ou qui souffrent d'une maladie incurable, invalidante, ou qui éprouvent des douleurs (physique ou mentale), sans perspectives de soulagement.» Il est donc question d'une sorte de testament sur l'euthanasie.

Manifeste contre l'euthanasie

L'avant-midi s'est poursuivi par la présentation d'un «manifeste pour protéger les plus vulnérables» par le Réseau vivre dans la dignité, organisme farouchement opposé à l'euthanasie. Dr Patrick Vinay, membre de ce réseau et directeur des soins palliatifs au CHUM, estime que l'euthanasie, une fois légalisée, va créer plus de problèmes qu'en régler. Il estime que l'acte «n'est pas nécessaire», dans un contexte où il y a des alternatives «à tuer une personne» en offrant des soins de fin de vie de qualité pour tous.

Ce faisant, le Réseau a déploré le manque de ressources en soins palliatifs à domicile, en réclamant du personnel bien formé pour mourir à la maison, et des infrastructures de refuge sécuritaires. «Il y a des alternatives qui ne causent la mort de personne, comme l'anesthésie, qui protègent la mort des personnes», a ajouté Dr Vinay.

La Commission parlementaire va reprendre cet après-midi avec le témoignage de la famille Rouleau, qui parlera de sa lourde expérience d'accompagnement dans la mort de Laurent Rouleau. Le Conseil catholique de langue anglaise suivra, avec une période de discussions en fin d'après-midi. Le débat qui donnera la parole à une cinquantaine de groupes ou de citoyens, reprend en soirée pour se poursuivre à Montréal jusqu'à vendredi.