Dans un contexte d'équilibre budgétaire fragile, le directeur général du CHUM a annoncé à son conseil d'administration, mardi soir, le lancement d'un vaste chantier afin de revoir la mission de soins et de recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal. Du même souffle, Christian Paire a annoncé un appel d'offres visant à embaucher une firme qui aura pour mandat d'épauler la haute direction afin d'assurer une transition en douceur des patients, du vieux au nouvel hôpital.

Ces nouveaux développements, avec en toile de fond un vaste plan stratégique des soins, ont donné le ton à la première séance du conseil d'administration de l'automne. D'entrée de jeu, M. Paire a admis que les travaux pour ériger le Centre de recherche du CHUM sont pour le moment «discrets», mais qu'on peut se rassurer: un édifice va sortir de terre d'ici peu.

«Moi, ce que je retiens de la commission parlementaire du 10 septembre dernier (commission où la construction en mode PPP a été décriée), c'est l'engagement du gouvernement de rester dans le calendrier de construction. Mais l'essentiel du CHUM ce n'est pas que de la brique et du béton, c'est le plan de soins», a-t-il dit aux membres.

Ainsi, le directeur général a convié le conseil à un grand débat, fin octobre, afin de faire «émerger nos valeurs communes», a-t-il ajouté. Il a précisé que les syndicats ont été avisés du travail qui s'en vient. «Il importe d'assurer le soutien au CHUM et de définir nos partenariats en recherche, avec les centres de santé et de services sociaux, particulièrement avec le CSSS Jeanne-Mance», a-t-il poursuivi.

Déficit de 11,2 millions

Le conseil d'administration a ensuite eu droit à des prévisions budgétaires inquiétantes pour 2010-2011, avec un déficit s'élevant à ce jour à 11,2 millions de dollars, comparativement à 10,8 millions, pour la même période, l'an dernier. La cible déficitaire autorisée par Québec est de 12,7 millions.

Jocelyn Boucher, directeur général adjoint aux affaires financières au CHUM, a expliqué que ce déficit est attribuable à une baisse des revenus, provenant notamment de la CSST et des non-résidents. Il a précisé que le manque à gagner sera en partie comblé par un engagement de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal à verser 5,3 millions. L'Agence n'a pas retourné les appels de La Presse, hier.

M. Boucher a expliqué que l'an dernier, le CHUM a présenté une demande financière à l'Agence afin de récupérer 10 millions qui ont servi à de nouveaux projets, notamment de lutte au cancer et en neurologie. L'année s'annonce difficile pour le CHUM qui doit supprimer 3,7 millions supplémentaires, conformément à la loi 100.

«Ce qu'on entend là a une allure de déjà vu, a dit le président du conseil d'administration, Patrick Molinari. Nous sommes lassés d'entendre que tel ou tel service n'est pas financé. L'heure du rendez-vous avec le ministère de la Santé va venir», a-t-il prévenu.

Lors du conseil, on a par ailleurs appris que le niveau d'emprunt du CHUM atteint maintenant 386 millions de dollars. De ce montant, M. Molinari a expliqué que 33 millions servent à assumer la dette de la Société d'implantation du CHUM (SICHUM), qui avait arrêté son choix sur le 6000, rue Saint-Denis comme site de construction, avant d'être abolie par l'ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard.

Le directeur général adjoint Jocelyn Boucher, interrogé par La Presse au sortir de la séance publique, a tenu à se faire rassurant: «Depuis six ans, malgré une situation difficile, on finit toujours par atteindre la cible budgétaire. Le déficit sera comblé par les ajustements.»