D'ici la fin du mois, les établissements de santé de la province devront faire des compressions majeures afin de respecter les exigences de la loi 100. Mais alors que les régions du Québec devront sabrer en moyenne 11,52$ par habitant, à Montréal, 19,48$ par citoyen devront être retranchés, révèle un document obtenu par La Presse. Une situation qui choque les établissements de la métropole.

La loi 100, qui confirme l'application du dernier budget du ministre des Finances, Raymond Bachand, oblige le réseau de la santé à faire des coupes dans ses frais administratifs. À Montréal, 33,3 millions doivent être récupérés cette année uniquement dans les frais de déplacement, de formation et de publicité.

«Parce que Montréal a beaucoup d'hôpitaux universitaires et donc forme beaucoup de médecins résidents, l'ampleur des coupes demandées en formation est énorme», dénonce le président du regroupement montréalais des établissements de santé (RRMA), Alexandre Bourdeau.

«Au départ, le salaire des résidents a été inclus dans le calcul des compressions. Puis on nous a interdit de sabrer leurs salaires, mais on n'a pas diminué les cibles de réduction. Donc les régions qui ont des hôpitaux universitaires, comme Montréal et Québec, sont en difficulté», confirme la directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), Lise Denis.

M. Bourdeau ne digère pas qu'alors que 19,48$ par habitant doivent être récupérés à Montréal, dans les régions limitrophes (Laval, Laurentides, Lanaudière et Montérégie), on parle de 5,35$ par citoyen en moyenne. «Ça représente une coupe de 3,6 fois plus élevée pour les Montréalais, alors qu'on reçoit un budget seulement deux fois plus élevé, notamment pour soutenir notre mission universitaire», note M. Bourdeau.

L'effort financier demandé aux établissements montréalais est si grand que certains ne parviendront pas à faire ces réductions, prévient M. Bourdeau. «On a juste six mois pour faire ces coupes! On veut que le gouvernement nous accorde plus de temps. Et on veut plus de latitude», dit-il.

Mardi, le président de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine, a assuré qu'aucun service à la population ne sera retranché et que seules les dépenses administratives seront touchées par la loi 100. «Ce n'est pas faux, indique M. Bourdeau. Aucun service ne sera aboli. Mais aucun nouveau patient ne sera accepté dans certains programmes. On va parler de gel.»

Mme Denis demande au gouvernement d'assouplir la loi 100. «C'est tellement rigide actuellement. On demande une reddition de compte ligne par ligne. Les établissements n'ont pas les moyens d'adapter les coupes à leur réalité. On veut faire notre effort, mais il faut une solution plus souple et étalée.»

Au cabinet de M. Bachand, on affirme que les modalités de la loi 100 sont gérées par le ministère de la Santé et par le Conseil du trésor que dirige Michelle Courchesne.

L'attachée de presse de Mme Courchesne, Isabelle Mercile, affirme qu'il est trop tôt pour dire que les établissements de santé de Montréal paieront plus par habitant que les autres régions. «Tout le monde doit déposer son plan à la fin du mois. C'est à ce moment qu'on verra. Mais on s'est engagé à réduire le déficit d'ici 2013-2014 et tout le monde doit faire sa part», dit-elle.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on assure que de la latitude est prévue dans l'application de la loi 100.