Après de nombreuses années de souffrances, Marie* a reçu un diagnostic de schizophrénie paranoïde en 2007. Au terme d'une série de traitements psychiatriques, elle a accompli un de ses rêves en janvier dernier: obtenir son diplôme d'infirmière auxiliaire. Ce petit miracle n'aurait pas été possible sans l'aide des éducateurs de l'hôpital Louis-H.-Lafontaine, qui l'ont accompagnée dans sa réinsertion sociale. Mais dès décembre, 32 de ces travailleurs perdront leur emploi. Plus de 200 patients comme Marie n'auront plus de soutien pour retrouver une vie normale et réintégrer la société.

Afin d'éviter le déficit, l'hôpital Louis-H.-Lafontaine coupera entre autres 32 postes dans son service de «réadaptation vocationnelle» dès le 10 décembre. Depuis 2005, les employés de réinsertion de Louis-H.-Lafontaine desservaient les clientèles de tous les hôpitaux francophones de l'île. Mais à compter de décembre, seuls les patients de Louis-H.-Lafontaine pourront bénéficier d'un suivi. «Quand on nous dit qu'il n'y a pas de coupures de services à la population, c'est faux», commente le président du syndicat des travailleurs de Louis-H.-Lafontaine, Pierre Turgeon.

Le directeur général de l'établissement, André Lemieux, explique que comme dans toute organisation, «il faut faire des choix». «On voulait se recentrer sur notre clientèle, qui est de plus en plus lourde», justifie-t-il.

Mais la déléguée syndicale du service de réinsertion sociale à Louis-H.Lafontaine, Francine Breton, trouve «ridicule» que le réseau de la santé «coupe toujours dans les soins à la population». «Ces gens que l'on accompagne, on les aide à quitter l'aide sociale et à réintégrer le marché du travail. C'est super important! Sans accompagnement, ils reviendront dans le réseau de la santé par l'urgence», dénonce-t-elle.

Pour Pierre Turgeon, la situation est d'autant plus choquante que depuis deux ans, plusieurs postes d'employés affectés aux soins ont été supprimés. «On a fermé deux unités de soins qui avaient chacune environ 35 employés», critique M. Turgeon, qui estime qu'alors que le nombre d'employés a diminué, le nombre de cadres a augmenté de 20 postes pendant ce temps.

André Lemieux conteste ces chiffres. «Le nombre d'employés est passé de 2161 à 2191. Et nous avons 105 gestionnaires, soit seulement deux de plus qu'il y a deux ans», affirme le directeur général, qui précise que ces deux postes ont été créés à la demande de Québec pour prévenir les infections.

Des infirmières manifestent

Hier midi, les infirmières du centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance sont descendues dans la rue pour dénoncer les coupes imminentes qui les toucheront. Afin d'éponger un déficit de 8 millions, le CSSS retranchera des postes d'infirmières dans certains centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Dans un établissement, une seule infirmière prendra soin de 196 patients la nuit. «Or il y a toujours plus de problèmes la nuit!» dénonce la présidente du syndicat local du CSSS-Jeanne-Mance, Suzanne Maurais.

«Tout comme il y a des coupes ici, on élimine aussi actuellement plusieurs postes dans les CHSLD du Québec, alors que les patients y sont de plus en plus lourds! La priorité du réseau devrait être l'offre de soins», dénonce le vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), Daniel Gilbert.

*Nom fictif