Depuis le début du mois d'octobre, une personne âgée est morte dans des conditions suspectes à la résidence privée pour aînés le Boisé Ste-Thérèse et une autre dame a été hospitalisée dans des circonstances douteuses, a appris La Presse. Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), ces incidents sont «très inquiétants» et sèment le doute sur la qualité des soins offerts dans cet établissement, qui est pourtant certifié par le gouvernement.

Au début du mois d'octobre, une résidante du Boisé Ste-Thérèse a dû être hospitalisée, car elle présentait du sang dans ses selles. Selon une source près du dossier, cette résidante aurait demandé aux préposés du Boisé Ste-Thérèse de faire quelque chose pour l'aider. Mais la préposée de garde lui aurait répondu qu'elle n'avait pas les compétences pour le faire.

Les proches de cette dame hospitalisée n'ont pas trop voulu commenter les événements. Mais selon eux, la qualité des soins offerts à la résidence peut être remise en question.

Par ailleirs, une résidante du Boisé Ste-Thérèse est morte le 12 octobre dans des circonstances assez inquiétantes pour qu'une enquête du coroner soit ouverte, a-t-on confirmé au Bureau du coroner. La dame de 82 ans a été retrouvée sans vie dans sa salle de bains.

Pour Marguerite Anne, une employée qui a récemment été congédiée du Boisé Ste-Thérèse, la qualité des soins offerts dans cette résidence laissent particulièrement à désirer depuis que les patrons de l'établissement ont décidé, le 30 septembre, d'abolir tous les postes d'infirmières auxiliaires pour les remplacer par des préposés aux bénéficiaires. Ces préposés sont formés pour distribuer des médicaments et donner des bains aux résidants, explique l'infirmière Sylvie Brisson, la seule infirmière qui travaille encore à la résidence privée du Boisé St-Thérèse.

Mais pour Mme Anne, les nouveaux préposés sont «mal formés». «Ils ont reçu des simili formations. On dit que les résidants sont autonomes, mais ce n'est pas vrai. Plusieurs ont besoin de soins. Couper les infirmières, c'est de la négligence pour faire de l'argent. Si mes parents étaient encore en vie, je ne les enverrais pas là», estime-t-elle.

Une affirmation que réfute la directrice générale du Boisé Ste-Thérèse, Stéphanie Drolet. Celle-ci confirme que les postes d'infirmières auxiliaires ont été abolis. Mais elle explique que ses résidants sont majoritairement autonomes et qu'ils n'ont pas besoin des services d'infirmières auxiliaires. «Entre 80% et 90% du travail peut être fait par des préposés, assure-t-elle. Les résidants en trop lourde perte d'autonomie reçoivent la visite du CLSC.»

Mme Drolet assure que les incidents survenus récemment dans son établissement n'ont pas du tout été causés par un manque de soins ou de surveillance. Mme Brisson est du même avis. «On traite nos résidants avec attention. Ils sont en sécurité ici», dit-elle.

Le responsable du secteur des établissements privés et communautaires à la FSSS-CSN, Yves Lévesque, affirme pour sa part que son syndicat «avait des inquiétudes», sur la qualité des soins offerts au Boisé Ste-Thérèse même avant les suppressions de postes d'infirmières auxiliaires. «Ces coupes ont-elles accéléré le problème de qualité des services? On peut se le demander parce que ce que l'on observe présentement dans cet établissement est inquiétant», dit-il.

Le Boisé Ste-Thérèse, qui peut accueillir une centaine d'occupants, est une résidence privée certifiée. C'est-à-dire qu'elle respecte une liste de critères socio-sanitaires établie par le gouvernement. Dans deux précédentes enquêtes, La Presse a démontré que le processus de certification des résidences privées pour aînés laisse à désirer. L'ancienne ministre déléguée aux services sociaux, Lise Thériault, avait promis de resserrer le processus. Mais rien n'a encore été fait. Une récente enquête de La Presse a plutôt démontré que le gouvernement accepte actuellement d'assouplir certains critères afin d'accélérer la certification des établissements.