Combien de morts faudra-t-il dans les résidences privées pour personnes âgées avant que le gouvernement fasse quelque chose? Tant l'opposition officielle que différents regroupements de retraités et des syndicats ont posé la question, hier.

Ils réagissaient à un article paru hier dans La Presse, qui a révélé qu'une pensionnaire d'une résidence privée de la couronne nord est morte et qu'une autre a été hospitalisée après que la direction de la résidence eut aboli tous les postes d'infirmière auxiliaire pour les remplacer par des préposés aux bénéficiaires.

«C'est désolant qu'en 2010 on n'accorde pas plus d'attention au sort réservé aux aînés. On exige depuis des années un contrôle plus serré de la formation des employés dans les résidences privées, mais rien n'est fait», dénonce Mariette Gélinas, présidente de l'Association des retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec.

Selon elle, le fait que la résidence en question ait été certifiée par le gouvernement prouve encore une fois que la certification n'est pas assez exigeante. «On parle beaucoup de l'importance de mourir dignement, mais il faudrait aussi permettre aux aînés de vivre dignement», relève Mme Gélinas.

Jeff Begley, vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), croit que le processus de certification ne garantit aucunement la qualité des soins et la sécurité des patients.

La FSSS souhaite, comme l'a recommandé le protecteur du citoyen dans son dernier rapport, que les résidences privées soient soumises au même processus de vérification que celles du réseau public.

Le président de l'Association de défense des droits des retraités, Louis Plamondon, rappelle pour sa part que 15% des personnes âgées qui se présentent aux urgences consultent pour des erreurs sur leurs médicaments. «Si le personnel n'est pas suffisamment formé dans les résidences privées, dit-il, il y aura encore plus de ces incidents. On peut donc, une fois de plus, remettre en question le processus de certification.»

L'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) croit aussi que la certification n'est pas assez sévère: «Le protecteur du citoyen recommande qu'il y ait des inspections inopinées dans les résidences privées. C'est une excellente idée. On aimerait aussi que soit créé un office de protection des aînés», dit la présidente de l'AQRP, Madelaine Michaud.

À Québec, hier, la députée Lisette Lapointe, critique du Parti québécois en la matière, a reproché au gouvernement sa gestion du dossier: «Le processus de certification ne garantit aucunement la qualité des soins et la sécurité des résidants. C'est la protectrice des citoyens qui nous l'a dit. Le processus doit être revu de fond en comble. Ça va prendre combien de décès avant que vous agissiez?» a demandé Mme Lapointe.

La ministre déléguée aux services sociaux, Dominique Vien, a répondu que le processus de certification est «important, sérieux, rigoureux», mais également «perfectible». «C'est la raison pour laquelle nous sommes justement engagés à faire en sorte que cette certification soit revue et que nous puissions y apporter les bonifications nécessaires», a déclaré Mme Vien.