Québec a l'intention de ne plus donner de préavis aux CHSLD lorsque les inspecteurs du ministère de la Santé iront les visiter. Il créera également un processus d'inspection propre aux résidences privées pour aînés, qui ne sont pas soumises aux «visites d'appréciation de la qualité» comme les CHSLD.

Ce sont quelques-unes des mesures que le gouvernement Charest entend dévoiler bientôt pour améliorer la qualité des soins aux aînés, selon ce qu'a appris La Presse.

À l'heure actuelle, les CHSLD sont prévenus 48 heures à l'avance de la visite des inspecteurs. Quant aux résidences privées, une fois certifiées, elles ne sont pas soumises à ces inspections. Le gouvernement Charest veut mettre en place un processus distinct pour elles au motif que le processus des CHSLD serait trop lourd et coûteux.

Par ailleurs, la vérification des antécédents judiciaires, dont font déjà l'objet les membres des conseils d'administration et les propriétaires de résidences, s'appliquera aussi aux employés.

Les critères en matière de formation du personnel seront revus. En ce moment, les résidences privées sont obligées d'avoir en poste, 24 heures sur 24, une seule personne qui détient une formation en réanimation cardiorespiratoire, en secourisme et en déplacement sécuritaire des aînés. Un ratio d'employés formés devrait être fixé en fonction du nombre de pensionnaires. La Presse a révélé en 2009 qu'une forte proportion de préposés aux bénéficiaires n'ont aucune formation.

Depuis le mois de mai 2008, Québec a entre les mains un rapport qui lui recommande d'obliger tous les employés et propriétaires à avoir une formation. La Table de concertation sur la formation du personnel oeuvrant en CHSLD et en résidences pour personnes âgées souligne que «seulement 41% des résidences exigent une formation de préposé au moment de l'embauche».

Le gouvernement Charest avait promis l'an dernier d'améliorer la formation du personnel. La ministre déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, qui a succédé à Lise Thériault au mois d'août, a assuré à La Presse que les nouvelles mesures -sur la formation, notamment- seront présentées sous peu, peut-être avant la fin de l'année.

Ce branle-bas survient à la suite de manchettes négatives sur les soins aux aînés dans les résidences privées et les CHSLD. Le cas de Willard Wilson, homme de 94 ans mort après avoir été ébouillanté dans une baignoire, a soulevé l'indignation.

Selon les données du Bureau du coroner, 24 autres cas de morts «obscures ou violentes» sont survenus dans des résidences privées ou publiques depuis deux ans.

À la fin du mois de septembre, la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, a dénoncé plusieurs lacunes dans les services aux aînés. Il est indispensable, avait-elle dit, que le ministère de la Santé et des Services sociaux intègre les résidences privées dans ses «visites d'appréciation de la qualité», qui devraient comprendre des «indicateurs fiables».

«C'est à ce prix seulement que l'on pourra assurer aux personnes âgées des conditions de vie que chacun de nous souhaiterait pour ses propres parents», peut-on lire dans son rapport. Mme Saint-Germain déplore qu'une bonne proportion de résidences privées -17% selon Québec- ne soient toujours pas certifiées. Elle a également critiqué le préavis de 48 heures donné aux CHSLD avant une inspection.

Québec devra de toute évidence ajouter des ressources pour inspecter d'une façon ou d'une autre les résidences privées. Une seule équipe de six experts fait les inspections dans les CHSLD à l'heure actuelle. Et Québec a fait passer de 12 à 10% la proportion de CHSLD qu'il prévoit visiter chaque année, un geste qui contredit tous ses discours.

À l'Assemblée nationale hier, la députée péquiste Lisette Lapointe a exhorté le gouvernement à «accoucher de vraies solutions pour assurer la sécurité de nos aînés».

«À quand une révision de fond en comble des règles de certification? À quand des visites surprises d'appréciation? À quand des inspections non annoncées? À quand des obligations pour un personnel formé et en quantité suffisante? À quand un gouvernement responsable?» a-t-elle tonné.

Dominique Vien a reconnu qu'il faut «bonifier» et «revoir» le processus de certification, «faire un autre tour de roue et resserrer la vis». «Je suis engagée à le faire et, avec mon gouvernement, on va réussir, et dans pas grand temps à part ça», a-t-elle ajouté. Elle a promis des «modifications en profondeur». À Lisette Lapointe, la ministre a lancé une remarque étonnante: «Madame la députée, dormez sur vos deux oreilles. On veille au grain, on va faire les changements nécessaires.»