Si le Québec augmentait son offre de services de soins palliatifs, il y aurait moins de grands malades tentés de recourir à l'euthanasie.

C'est du moins ce dont est persuadée la directrice générale de l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), Lise Denis, venue témoigner mardi devant la commission parlementaire sur le droit de mourir dans la dignité.

Ce qu'on constate quand on examine ce qui se fait dans d'autres pays, «c'est que plus les soins palliatifs sont développés, plus les demandes d'euthanasie, comme telles, sont rares», a-t-elle commenté en point de presse après son témoignage.

Par conséquent, surtout dans un contexte de vieillissement de la population, le gouvernement doit s'assurer que les services de soins palliatifs seront rendus disponibles à toute personne qui en a besoin, que ce soit à la maison, à l'hôpital ou en maison de soins palliatifs, ce qui est loin d'être le cas à l'heure actuelle, a déploré Mme Denis.

Il manque aussi au moins 170 lits pour les personnes en fin de vie, a-t-elle calculé, sans compter la pénurie de chambres individuelles. Ce sont là des problèmes auxquels le gouvernement devrait s'attaquer de toute urgence, selon elle.

En appui à son mémoire déposé à la commission, l'AQESSS a rendu public un sondage CROP mené en août dernier auprès d'un millier de répondants et indiquant que seulement le tiers des Québécois avaient rédigé un testament biologique. La proportion monte à une personne sur deux chez les 55 ans et plus.

À ce propos, Mme Denis rappelle que le testament biologique n'a pas de valeur légale. «Les médecins et les proches ne sont pas tenus de l'honorer», a-t-elle dit.

L'AQESSS demande à Québec de légiférer pour encadrer le testament biologique, de manière à ce que les volontés du défunt soient respectées.

Une personne sur deux a de plus indiqué à la maison de sondage que si elle était atteinte d'une maladie en phase terminale elle aimerait finir ses jours à la maison plutôt qu'à l'hôpital ou en maison de soins palliatifs.

L'association souhaite aussi que les professionnels de la santé soient mieux formés pour dispenser les soins particuliers dont les personnes mourantes ont besoin.

Si l'offre de services est améliorée, moins de gens songeront à l'euthanasie pour accélérer leur agonie, a-t-elle fait valoir.

Pour ceux qui, malgré tout, demanderaient qu'on abrège leurs souffrances, Mme Denis dit qu'il faudrait traiter ces requêtes «au cas par cas».

Toutes les autres avenues devraient être envisagées avant d'examiner le scénario de l'euthanasie ou du suicide assisté, a-t-elle soutenu devant les parlementaires.