Les étudiants et résidents en médecine sont aussi nombreux que les médecins à avoir recours au Programme d'aide des médecins du Québec (PAMQ). L'an dernier, 134 d'entre eux se sont tournés vers le PAMQ, sur un total d'environ 4000 dans l'ensemble de la province.

Les jeunes consultent pour les mêmes raisons que les médecins actifs - souvent des épisodes de détresse psychologique. Mais l'abus de substances pour se tenir éveillé durant les tours de garde est plus fréquent, quoique tabou dans le milieu.

Une étude publiée cet automne dans le prestigieux Journal of the American Medical Association (JAMA) confirme que le taux de dépression et d'idées suicidaires est plus élevé chez les étudiants en médecine que dans la population en général. Après avoir sondé les étudiants de la faculté de médecine de l'Université du Michigan, les chercheurs ont découvert qu'un sur sept souffre de dépression modérée ou majeure.

Une autre recherche, publiée en 2008 dans Annals of Internal Medicine, a révélé que la moitié des étudiants en médecine souffraient d'épuisement professionnel (burnout) et que 1 sur 10 avaient des idées suicidaires.

Dans le milieu médical québécois, on est bien au courant du problème. La Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) a mis sur pied un comité d'aide qui intervient régulièrement auprès d'internes en crise. Les facultés de médecine ont aussi leur comité d'aide.

Le Dr Ramses Wassef, chirurgien de renom et directeur du Bureau d'aide aux étudiants et résidents de la faculté de médecine de l'Université de Montréal, a d'ailleurs fait une sortie dans les journaux à ce sujet, il y a quelques semaines. «Trop longtemps, la culture médicale a limité les expressions de malaises ou d'émotions de la part des médecins», estime-t-il.

Le Dr Yves Lamontagne, psychiatre de formation et ancien président du Collège des médecins du Québec, n'hésite pas à parler d'une génération de «petits génies, de nerds qui ont toujours été premiers de classe et qui ne peuvent pas supporter l'échec une fois dans la pratique».

«Quand j'ai été admis en médecine, j'avais une moyenne de 83%, raconte-t-il. Si c'était aujourd'hui, jamais je ne serais accepté. La norme, dans les facultés, ce sont des moyennes de 97%. Nous les voulons comme ça, performants et perfectionnistes, sauf qu'ils sont obsessionnels et compulsifs quelque part et que ça s'accompagne d'un lot de problèmes.»