Trois radiologistes de la grande région de Montréal sont visés par des poursuites pour avoir sous-diagnostiqué le cancer du sein de trois patientes. Dans l'un des cas, la femme est morte en 2009. L'un des radiologistes est celui-là même qui est à l'origine d'une enquête du Collège des Médecins du Québec, qui a annoncé il y a deux semaines que 15 000 mammographies seront révisées.

Épaulé par l'avocat spécialisé en responsabilité médicale, Jean-Pierre Ménard, deux femmes, Micheline Lalonde et Louise Barrette, et le mari de la troisième femme décédée, Antonin Fortin, s'insurgent contre les « ratées » du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQCDS). Et comme le révélait La Presse, la semaine dernière, ces personnes qui ont déposé des plaintes auprès du Collège doutent que leur programme de surveillance soit à l'origine de l'enquête sur les 15 000 mammographies.

Les radiologistes qui sont visés par des poursuites formelles sont Raymond Bergeron, 77 ans, et Nabil Y. Antoun, un spécialiste comptant lui aussi plusieurs dizaines années de pratique. Quant au troisième, dont Me Ménard a préféré taire l'identité tant que la poursuite ne sera pas déposée formellement, il pratiquait sur la Rive-Sud, à la clinique Imagix, de Brossard.

Après avoir donné la parole à ses clients qui ont relaté comment leur cancer aurait été mal diagnostiqué, Me Ménard n'a pas manqué de critiquer le ministère de la Santé, et par le fait même le Collège, pour son manquement à assurer le contrôle de qualité du (PQDCS), tel que promis lors sa mise en place, il y a douze ans. L'avocat n'a par ailleurs pas manqué de rappeler que le ministre Yves Bolduc vantait les mérites du programme de surveillance pas plus tard qu'il y a deux semaines, quand le Collège a annoncé l'enquête.

« La question à poser au Collège des médecins c'est pourquoi il n'y a pas eu de rappels des mammographies dans le cas des deux autres radiologistes, a-t-il dit. Tout ce qu'on a dit, c'est que les radiologistes en question n'effectuent plus de mammographies. On demande au gouvernement d'attaquer le problème de front au lieu d'agir sous la défensive.» Me Ménard soutient qu'il a une douzaine de cas à l'étude présentement pour d'éventuelles poursuites.

Appelé à commenter, le cabinet du ministre de la Santé a référé la demande de La Presse au ministère, où un médecin doit plus tard réagir. La réaction de la direction du Collège des Médecins est aussi attendue.