Signe que la médecine devient de plus en plus complexe, le Collège des médecins du Québec vient de reconnaître 18 nouvelles spécialités médicales, en plus de la médecine familiale, qui sera désormais aussi reconnue comme une spécialité.

Cette reconnaissance de la médecine familiale par le Collège n'est qu'un premier pas, a expliqué en entrevue le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, le docteur Louis Godin.

Pour le moment, cette reconnaissance de la médecine familiale comme spécialité ne change ni la rémunération, ni la formation, ni les conditions de pratique des médecins de famille, a-t-il souligné. Toutefois, cela transmet un important message de reconnaissance de la médecine familiale, peu attrayante pour les étudiants en médecine, qui lui préfèrent les spécialités, mieux rémunérées.

Les médecins de famille sont ceux qui sont en première ligne dans les cabinets privés, les urgences des hôpitaux, les CLSC et les unités de soins palliatifs.

Le Québec vit depuis des années une pénurie criante de médecins de famille. Le docteur Godin espère que cette reconnaissance du Collège permettra d'attirer davantage d'étudiants en médecine familiale, et d'obtenir une meilleure rémunération et de meilleures conditions de pratique.

«Le fait que leur travail soit reconnu comme une spécialité, c'est quelque chose qui est très intéressant et qui va être apprécié par les gens, et probablement aussi par les jeunes médecins et nos futurs confrères. Mais si on ne règle rien sur les conditions de travail, on n'aura pas un effet extraordinaire sur l'attractivité.»

«Ce n'est pas le fait d'être reconnu spécialiste aujourd'hui qui va faire que, demain matin, je n'aurai plus un poste vacant dans les facultés de médecine en médecine familiale. Ce qui va vraiment régler la situation, c'est quand les gens vont regarder ça et s'apercevoir que l'environnement professionnel dans lequel le médecin travaille, les conditions par lesquelles je le rémunère, et bien c'est compétitif et c'est intéressant», a commenté le docteur Godin.

«Il y a une question de soutien à la pratique, pour que le médecin soit aidé. Il faut qu'il ait accès à d'autres professionnels; il faut qu'il ait accès aux consultations spécialisées; il faut qu'il ait accès aux examens de laboratoire. Un médecin de famille, c'est un peu celui qui défend son patient au quotidien dans son bureau; c'est lui qui prend le téléphone pour avoir une consultation en milieu spécialisé, pour avoir un examen de laboratoire. Il a besoin d'aide de ce côté-là. Et il y a la question de la rémunération aussi», a expliqué le docteur Godin.

En entrevue, le président-directeur général du Collège des médecins, le docteur Charles Bernard, confirme le sens donné à cette reconnaissance de la médecine familiale. «Il ne faut pas se le cacher: ça permet aussi de rendre ça plus attrayant dans le choix des étudiants en médecine.»

Le président de la Fédération des médecins omnipraticiens souligne qu'«il manque encore 1175 médecins de famille» pour répondre aux besoins au Québec.

Sa fédération compte 7800 membres. Ceux-ci recevront sous peu du Collège des médecins un «Certificat de spécialiste en médecine de famille».

Parmi les autres spécialités qui sont du même coup reconnues par le Collège des médecins, on compte la chirurgie thoracique, la chirurgie vasculaire, l'hématologie-oncologie pédiatrique, la médecine du travail, la médecine de soins intensifs, la chirurgie générale oncologique et la pathologie judiciaire.

Le Collège devait agir ainsi pour harmoniser ses pratiques avec le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, afin de faciliter la mobilité des médecins entre les provinces.

«Le tout a commencé avec une harmonisation des examens avec le reste du Canada dans les spécialités et en médecine de famille. Une fois que cette étape-là a été faite, ça prenait un changement réglementaire pour faire adopter le certificat de spécialiste pour les médecins de famille et un changement réglementaire pour avoir les nouvelles spécialités pour s'harmoniser avec le reste du Canada. Ailleurs au Canada, il y avait plus de spécialités et de sur-spécialités», a expliqué le docteur Bernard, du Collège.

Au total, le Collège des médecins du Québec reconnaîtra maintenant 54 spécialités.