La CSN mènera une lutte de tous les instants pour empêcher que le programme de retrait préventif de la travailleuse enceinte soit modifié tel qu'il est recommandé dans un rapport remis à la CSST.

Ce rapport d'un groupe de travail mandaté par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) pour faire le point sur le régime de santé et sécurité, après 30 ans d'existence, suggère notamment de «recentrer» ce programme appelé «Pour une maternité sans danger».

Ce programme permet à une travailleuse enceinte ou qui allaite et qui croit que son travail représente un danger pour elle ou son enfant de demander à son employeur d'éliminer le danger ou d'être affectée à un autre poste. Si l'employeur est dans l'impossibilité d'éliminer le danger ou d'affecter la travailleuse à un autre poste, celle-ci peut bénéficier d'un retrait préventif et être indemnisée.

Le rapport du groupe de travail conclut que ce programme a été pratiquement dénaturé, au fil des ans, au point de devenir une sorte de congé de maternité. Il affirme que la CSST a progressivement «abdiqué son pouvoir de gestion du programme au profit des avis des médecins traitants».

Le rapport souligne que le nombre de réclamations acceptées est passé de 1146 en 1981 à 32 532 en 2008, pendant que les déboursés sont passés de 2,6 millions $ à 208,2 millions $.

En fait, 95 pour cent des réclamations sont acceptées.

Le groupe de travail propose donc de modifier la loi pour conférer à la CSST le pouvoir de déterminer les normes relatives à l'exercice de ce droit de retrait préventif de la travailleuse enceinte.

Interrogée à ce sujet, mercredi, la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, s'est montrée outrée de la comparaison avec un congé de maternité et a jugé odieuse une telle critique du programme.

«On ne met pas suffisamment l'accent sur la prévention et, après ça, on se plaint de coûts astronomiques de santé-sécurité ou du retrait préventif. C'est complètement indécent de prendre le problème par ce bout-là. Au contraire, ce qu'il faut intensifier, c'est la prévention. Réglons le problème à la source; nettoyons nos usines», s'est exclamée Mme Carbonneau.

La présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) presse la CSST de ne pas suivre cette recommandation du rapport.

Elle compte aussi «être très active» auprès de la ministre du Travail, Lise Thériault, afin de s'assurer que la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne soit pas modifiée comme il est suggéré par le groupe de travail.

«Pour rien au monde on voudrait voir remise en question cette politique-là. Je trouve ça complètement indécent qu'on risque des choses par rapport aux femmes enceintes, alors qu'on n'est même pas capable de faire le virage qui s'impose qui est celui de la prévention», a plaidé la dirigeante syndicale, en entrevue avec La Presse Canadienne.