Les urgences débordent à un point tel qu'on enregistre des taux d'occupation semblables à ceux de l'an dernier, à pareille date, alors que le Québec était en pleine pandémie de grippe A (H1N1). Dans la grande région métropolitaine, le taux d'occupation global enregistré dans 17 hôpitaux a atteint 132%, hier après-midi. Dans certains hôpitaux, il avoisinait même les 200%.

Le personnel médical était particulièrement sollicité à l'hôpital Notre-Dame du CHUM, où l'on a dû accueillir 64 patients alors qu'on ne dispose que de 43 places. Même scénario à l'Hôtel-Dieu, avec 50 patients pour 34 civières. Du côté de l'Hôpital général juif, on enregistrait 70 patients pour 53 civières disponibles.

La situation était encore plus critique dans les deux établissements spécialisés en pédiatrie du Québec. Au Centre hospitalier universitaire de Sainte-Justine, on a dû recourir à quatre infirmières supplémentaires pour s'occuper des centaines d'enfants qui se sont présentés au triage.

«Normalement, on a environ 180 patients par jour, mais depuis Noël on reçoit quotidiennement près de 300 patients, a expliqué le chef des urgences de Sainte-Justine, le Dr Benoit Bailey. On n'a pas de problème avec les hospitalisations, mais c'est au triage que c'est difficile, car il peut en arriver une quarantaine en une heure. La majeure partie des enfants se présentent avec des symptômes de la grippe et ce qu'on constate, c'est qu'il y a des cas de fièvre qui dure depuis quatre ou cinq jours.»

Gastroentérite

Le rhume et la grippe ne sont toutefois pas les seuls responsables de l'engorgement dans les urgences. Depuis le 21 novembre dernier, 28 éclosions de gastroentérite ont été signalées au ministère de la Santé, dont 19 dans des hôpitaux ou des centres de soins de longue durée. Les autres cas ont été observés dans des écoles ou des garderies.

Partout dans les urgences montréalaises, notamment à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, on dénombre des cas de gastroentérite et la situation est particulièrement critique à la Cité-de-la-Santé, où une éclosion de la maladie touche trois unités de soins: le débordement (urgences), la gériatrie et la pneumologie.

En conséquence, la direction de l'hôpital qui dessert une bonne partie de la couronne nord a décidé, hier en fin d'après-midi, de fermer l'hôpital aux visiteurs jusqu'à nouvel ordre. «Nous avons identifié au moins deux cas de gastroentérite reliés entre eux. Quant à nos urgences, elles fonctionnent à pleine capacité avec 53 patients pour 52 civières», a dit le porte-parole de l'hôpital, Mathieu Vachon, qui ajoute qu'un bilan sera fait aujourd'hui.

À l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal, on a tenu à rappeler que plusieurs cliniques sans rendez-vous sont ouvertes durant le temps des Fêtes. Selon leurs données compilées au 7 décembre dernier, environ 200 patients ont attendu plus de 24 heures aux urgences depuis le début novembre. Hier, on dénombrait 42 patients qui séjournaient sur une civière depuis plus de 48 heures.

Même si la situation est problématique année après année dans les urgences, l'agence note une amélioration dans la plupart des établissements, à l'exception de l'hôpital Jean-Talon qui enregistrait hier un taux d'occupation de près de 200%, avec 40 patients pour 22 civières. Afin de remédier à la situation dans l'ensemble des établissements, on a prévu ajouter, d'ici le 1er janvier, 99 places en soins à domicile, améliorer les services pour 604 lits de longue durée et créer 86 places pour des soins intensifs.

Enfin, quatre médecins sont en disponibilité jusqu'au 4 janvier afin d'éviter une rupture de service au Québec. Chaque année, durant le temps des Fêtes et la relâche scolaire printanière, la situation devient particulièrement délicate dans les urgences.

Pour joindre notre journaliste: sara.champagne@lapresse.ca