Les techniciens ambulanciers de Montréal et Laval réclament une réorganisation complète de leurs activités afin d'augmenter leur efficacité auprès des malades et ainsi collaborer à désengorger les urgences. Actuellement, les ambulanciers doivent transporter un patient aux urgences quand il le demande, et ce, peu importe son état. Et les soins qu'ils peuvent offrir sont très limités.

Le syndicat demande donc au gouvernement, en accord avec le Collège des médecins, de lui accorder des pouvoirs accrus pour déterminer si l'état des patients nécessite un transport aux urgences ou ailleurs dans le réseau, comme dans des CLSC, par exemple. Le regroupement des techniciens ambulanciers de Montréal et Laval, dont la convention collective est échue depuis le mois de mars, a fait des demandes en ce sens au gouvernement qui serait sur le point de les accepter, selon les informations que La Presse a obtenues.

Le président du Syndicat représentant les 650 techniciens ambulanciers de Montréal-Laval, Réjean Leclerc, explique qu'il n'est pas rare pour ses membres de transporter un patient avec des symptômes de la grippe. Ou encore qui est dans un état qui ne nécessite pas nécessairement des soins aux urgences.

«Quand c'est un enfant ou une personne avec des problèmes de santé particuliers, la question ne se pose pas, mais il arrive que nos patients passent au triage avec une grippe pour ensuite attendre toute la nuit sur une chaise de la salle d'attente avant de voir un médecin. Le patient aurait été fort probablement mieux dans son lit, estime M. Leclerc. Et son transport aux urgences monopolise une ambulance qui aurait peut-être été nécessaire sur un appel prioritaire.»

Urgences-santé a un parc d'environ 145 véhicules d'urgence pour desservir Montréal et Laval. Selon M. Leclerc, il n'est pas rare durant la nuit qu'une seule ambulance soit disponible pour répondre aux appels. Les autres sont soit en pleine intervention, soit coincées aux urgences en attendant qu'on puisse libérer leur civière ou leur équipement de premiers soins. «Il faut nous intégrer au réseau de la santé puisque présentement, nous agissons comme une entreprise qui travaille au transport pour le compte du système de santé.»

Des soins accrus

À la direction d'Urgences-santé, on n'a pas été en mesure de faire de commentaires, mercredi. Mais le porte-parole de l'organisation de soins préhospitaliers, Éric Berry, a expliqué qu'un comité doit se réunir aujourd'hui pour faire le point et tracer le bilan publiquement.

Au Collège des médecins du Québec, on est bien au fait des demandes des techniciens ambulanciers. Le conseil d'administration du Collège vient d'ailleurs d'approuver des modifications pour élargir l'étendue des actes médicaux que peuvent faire les ambulanciers. Elles pourraient être approuvées cet hiver par le gouvernement.

Le président du Collège, Charles Bernard, n'était pas disponible mercredi pour parler du dossier. Mais la porte-parole, Leslie Labranche, a expliqué qu'une nouvelle formation universitaire sera offerte afin de permettre au personnel paramédical d'étendre les soins qu'il peut donner.

Les demandes des techniciens ambulanciers pour obtenir des pouvoirs accrus ne datent pas d'hier. En 2000, un rapport commandé par la ministre de la Santé de l'époque, Pauline Marois, a conclu qu'il fallait «moduler» la réponse aux urgences pour augmenter l'efficacité des soins préhospitaliers. Depuis, des cibles ont été atteintes pour diminuer le temps d'intervention, mais plusieurs projets n'ont pas encore abouti, déplore Réjean Leclerc, président du syndicat.