Si les médecins de famille avaient accès plus facilement à des spécialistes et à de l'équipement médical, les urgences se porteraient mieux, estime la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.

«Et en clinique sans rendez-vous, on n'aurait pas toujours besoin d'envoyer des patients à l'urgence», estime Dr Claude Saucier, vice-président de la FMOQ et médecin de famille à la clinique médicale Concorde, de Laval.

Dr Saucier raconte que plus de 100 patients faisaient le pied de grue dans la salle d'attente de la clinique où il a fait du sans rendez-vous, mardi après-midi. Si les cas de grippe sont effectivement nombreux, explique-t-il, il reste que des cas nécessitant l'intervention d'un spécialiste sont nombreux et qu'il n'est pas toujours facile d'avoir accès à un plateau technique.

«Nous, à la clinique Concorde, on a la chance de pouvoir immobiliser une fracture quand elle est stable. J'envoie alors une demande de consultation à l'hôpital par télécopieur et le patient a son rendez-vous dans les jours qui suivent. Mais les cliniques, qui ont l'autorisation de le faire, ne sont pas nombreuses au Québec et quand ce n'est pas possible, les médecins envoient les patients à l'urgence.»

La même situation prévaut pour les blessures qui nécessitent des points de suture. Pour les omnipraticiens, l'intervention n'est pas compliquée, encore faut-il avoir la salle appropriée pour le faire et le personnel de soutien. Et le même scénario se répète quand un patient se présente dans une clinique et qu'il a besoin d'une échographie ou d'un test d'imagerie médicale.

«Prenez, par exemple, le cas d'un patient qui se présenterait avec des tendons sectionnés, explique encore Dr Saucier. Je fais l'examen et je détermine que c'est un cas complexe. Normalement, si j'avais accès direct à un plasticien, je n'aurais pas besoin d'envoyer le patient à l'urgence. Mais comme c'est compliqué, plusieurs médecins en clinique ne se cassent pas la tête et envoient les patients attendre à l'urgence, souvent plus de 18 heures.»

Mauvais réflexes

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, actuellement en négociations, réclame depuis plus de deux ans, du soutien à la pratique, avec un meilleur accès aux spécialistes et à des plateaux techniques. Juste avant les Fêtes, les membres de la Fédération ont rejeté en bloc la proposition gouvernementale jugée «méprisante».

Récemment, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a rencontré la direction de la FMOQ. Un comité de discussions doit être mis sur pied. Mais au rythme où avancent les pourparlers, il n'y aura pas d'entente de sitôt.

«On a les mauvais réflexes au Québec, estime Dr Saucier, vice-président de la FMOQ. On devrait avoir une première ligne forte. Et je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n'a pas investi cette année dans une autre campagne de vaccination et d'information sur les règles à suivre pour éviter la grippe. Plusieurs patients ne savent même pas comment prendre leur température, une procédure pourtant simple», ajoute-t-il.