Quelle forme prendra l'établissement que réclament des gestionnaires du CHUM, de Maisonneuve-Rosemont et de Louis-H.-LaFontaine pour une centaine de malades mentaux incapables de s'intégrer dans la communauté?

Depuis la vague de désinstitutionnalisation qui a déferlé sur la province, il y a des couloirs déserts et même un pavillon vacant à Louis-H.-LaFontaine. Mais pas question, pour ce qui reste le plus grand hôpital psychiatrique du Québec, d'accueillir ces patients. «Nous ne faisons pas d'hébergement. L'asile, c'est fini. Et c'est une bonne chose, d'ailleurs», tranche le porte-parole de l'hôpital, Jean Lepage. «Ça ne fait plus partie de la mission de Louis-H. depuis plusieurs années», renchérit Krystyna Pecko, directrice des services professionnels. «Notre spécialité, c'est la réadaptation. Nous serions mal placés pour prendre en charge la petite proportion de gens qui ne répondent à rien.» Sans compter l'aspect symbolique de la chose. Recevoir des patients pour de longues périodes - voire pour la vie - à Louis-H.-LaFontaine rappellerait inévitablement un passé douloureux.

Il y a quelques décennies à peine, l'hôpital comptait 6000 patients... et seulement trois aliénistes, les ancêtres des psychiatres. Les patients étaient entassés comme des sardines dans des dortoirs, sans la moindre intimité. «À l'époque, tous les patients étaient placés en asile, rappelle la Dre Pecko. À un moment donné, il est devenu évident pour les professionnels de la santé que la majorité d'entre eux avaient le potentiel de s'en sortir. Mais probablement y a-t-il toujours eu des patients qui avaient besoin d'un milieu de cette nature.» L'établissement réclamé prendra sans doute la forme d'un centre d'hébergement en santé mentale, géré par un centre de santé et des services sociaux (CSSS).

Évidemment, personne ne prône le retour des asiles. «Il ne s'agit pas de parquer les patients et de les oublier là, dit Paul Lespérance, chef du service de psychiatrie du CHUM. Pour y avoir une place, les patients devraient avoir tenté tous les programmes de réadaptation, sans succès. Ce serait une condition sine qua non. Il ne faut pas retourner 40 ans en arrière.»